Le mobile connaît une forte croissance. On estime à 9 milliards le nombre d’usagers d’ici 2020 – avec un trafic web mobile multiplié par 10 en 5 ans. Avec Facebook Instant Articles, Apple News et Google AMP, les géants du web multiplient les initiatives pour réinventer la manière d’informer sur smartphone : une micro-révolution en marche ?
Par Bertrand Anne, Directeur Projet IDAOS et DigitalAcademy©
Complémentarité des formats
Rappelons que Facebook Instant Articles permet un affichage rapide d’un article intégral directement sur la page – un format qui s’est ouvert à tous les éditeurs en avril 2016. Dans la foulée, Facebook a même créé un plug-in « IAF » intégré à WordPress.
Google AMP affiche depuis octobre 2015 des résultats optimisés pour le mobile lors d’une requête via son moteur. Ces deux formats sont à la fois complémentaires et différents (ils ne s’adressent pas aux mêmes internautes). L’application Apple News permet elle aussi un chargement rapide des pages d’actualités.
Une course à l’optimisation et à l’accélération web mobile
Lorsqu’il surfe sur Internet via son mobile, l’internaute peut être quelquefois confronté à une certaine lenteur, malgré la généralisation de la 4G. Deux raisons possibles : la qualité du réseau ou des pages web parfois trop lourdes, chargées de publicités, de contenus et pas toujours optimisées. L’utilisateur peut contourner cette lenteur via les applications dédiées, les bloqueurs de pubs (Adblocks)…
FIA, Google AMP et Apple News sont donc une aubaine pour les utilisateurs de mobile, qui peuvent lire des articles de manière beaucoup plus fluide et rapide. En effet, chacun de ces outils promet de diminuer de 10 à 85% le temps de chargement d’une page sur smartphone.
Le smartphone, roi au pays de l’info 2.0
Facebook, Google et Apple ont compris que les internautes s’informent de plus en plus sur leur smartphone : ils veulent proposer un format qui puisse satisfaire à la fois les internautes et les éditeurs.
Pour ce faire, ces sociétés ont noué des partenariats avec des médias dont ils optimisent la lecture des articles sur mobile. Mais la monétisation et la non-comptabilisation de l’audience par l’OJD ou Médiamétrie, qui ne prennent pas en compte ce qui est extérieur à leur environnement, sont effectivement au centre d’un débat complexe.
Attirer les médias
Le format online a changé la donne de la presse mais les acteurs de contenus ont continué à se chercher. Ces outils sont pour eux l’opportunité de poursuivre leur évolution vers l’info 2.0. On sait aussi que Google News favorise désormais dans les résultats de recherche les articles qui s’affichent le plus vite. Le match se joue également sur le terrain de la publicité. Facebook a instauré une nouvelle charte pour les contenus partenaires et a annoncé un outil dédié – l’annonceur sera notifié sur la diffusion du contenu.
Avec une audience et un trafic promis à la hausse, la presse voit-elle sa liberté menacée par les médias sociaux ou bien, au contraire, ceux-ci sont-ils devenus de véritables canaux d’expression et de transformation pour les médias ?
Le mobile va-t-il révolutionner le mobile ?
Des questions subsistent quant à la pérennité de ces dispositifs. D’autres technologies vont-elles les remplacer ?
Sans compter que Snapchat (plus de 100 millions d’utilisateurs) talonne Facebook : sa chaîne d’information « Discover », lancée en 2015, est un journal d’informations éphémères – Snapchat dont le format change les habitudes de navigation pour la lecture vidéo.
C’est aussi le cas de Twitter, qui est à présent considéré comme un site de news à part entière. Les médias sociaux et les poids lourds du web bousculent le web mobile, chaque jour (ou presque) apportant son lot de nouveautés.
Une sorte de micro-révolution que rien ne semble pouvoir arrêter…