La transformation numérique, et l’innovation au sens large, sont devenues en quelques années la principale priorité de bon nombre d’entreprises en France. Mais qu’en pensent concrètement leur salariés ?
L’innovation est source essentielle de compétitivité. Elle est donc placée, ces dernières années, au premier rang des priorités des entreprises de toutes tailles. Dans le même temps, elle fait parfois l’objet de controverses : les avancées de l’entreprise se font-elles au détriment du collaborateur ?
Julhiet Sterwen, conseil en transformation et innovation, a demandé à Harris Interactive de réaliser un sondage sur le sujet.
Et l’étude dévoile que, si les salariés ont une vision positive de l’innovation au niveau collectif, ils sont plus réservés sur son impact sur leur propre environnement de travail…
L’innovation : de quoi s’agit-il ?
Invités à s’exprimer spontanément sur l’innovation, les salariés français lui associent en priorité, et de loin, « les nouvelles technologies » et « l’Intelligence Artificielle ».
Dans une moindre mesure, ils voient aussi l’innovation comme un progrès, une preuve de modernité ou encore une amélioration.
D’une façon générale, les mots qui ressortent de ces évocations spontanées possèdent majoritairement une connotation positive.
Une vision collective globale positive, mais en demi-teinte individuellement.
D’ailleurs, les salariés ont globalement tendance à juger positivement l’innovation au niveau collectif.
Plus de la moitié d’entre eux trouvent positif l’impact de l’innovation sur la situation économique des entreprises (57%) et sur les conditions de travail en général (56%).
En revanche, quand ils en viennent à estimer leur situation personnelle, l’optimisme est moins de mise. Ils ne sont plus que 46% à penser que l’impact de l’innovation est positif pour leur entreprise et pour leurs conditions de travail.
Les salariés sont très mitigés sur la question de la stabilité de l’emploi, à l’échelle du pays. Ils sont 36% à voir un impact positif et, à égalité à 32%, à ne voir aucun impact ou un impact négatif.
Enfin, le sujet de la rémunération fait débat. Les salariés ne sont que 32% à voir un impact positif, de manière générale, et le chiffre chute à 24%, sur un plan individuel.
L’innovation, une affaire de typologie d’emploi ?
L’innovation est perçue différemment selon le type d’entreprise et la catégorie professionnelle des salariés.
Les salariés de grandes entreprises ont le plus souvent tendance à voir l’innovation moins positivement que ceux travaillant dans des ETI et TPE, que ce soit en général ou dans leur propre travail.
Par ailleurs, les cadres ont davantage tendance à voir l’innovation positivement que les autres, que ce soit d’une manière globale ou dans leur propre environnement de travail.
Un accompagnement encourageant
Enfin, les salariés ont plutôt tendance à avoir le sentiment d’être bien accompagnés pour s’adapter aux innovations. Mais s’ils sont 65% à aller dans ce sens, seuls 14% d’entre eux estiment bénéficier de mesures adaptées.
De nouveau, les cadres sont ceux qui s’estiment le mieux accompagnés alors que les ouvriers, le moins.
Concernant les tailles d’entreprises, moins l’entreprise a de salariés, mieux ces derniers s’estiment accompagnés (67% en ce qui concerne les salariés de TPE/PME contre 58% pour ceux des grandes entreprises).
Ces chiffres sont à mettre en relation avec les perceptions évoquées plus haut. Les collaborateurs expriment encore bon nombre de craintes par rapport à l’innovation, notamment sur la stabilité de l’emploi.
« Si les salariés ont une vision positive de l’innovation comme concept générique, ils n’en perçoivent pas encore les effets positifs concrets sur leur emploi ou leur rémunération. Ils ont encore un certain nombre de craintes, à apaiser »
conclut Jean-Philippe Poisson, Partner, Innovation et Digital Champion de Julhiet Sterwen.
Méthodologie
Enquête réalisée en ligne du 16 au 25 avril 2019. Échantillon de 1 000 personnes, représentatif des salariés âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socio-professionnelle et secteur d’activité de l’interviewé(e).