Et si le fait de savoir poser des questions relevait d’une compétence, voire dans certains cas d’une technique ?
Le sujet s’est autrefois posé lorsque sont apparus les premiers moteurs de recherche sur Internet. Il se repose aujourd’hui avec tout autant d’acuité au contact de l’intelligence artificielle générative qui se trouve embarquée dans les outils de veille.
Car savoir poser les bonnes questions à Chat GPT, Midjourney ou Google Bard ne s’improvise pas et relève d’un processus dans lequel chaque étape a son importance…
Par Arnaud Marquant, directeur des opérations, KB Crawl SAS
Étape n°1 : formuler la question principale avec rigueur
La rédaction de prompts, c’est-à-dire d’instructions données aux IA génératives passe d’abord et avant tout par la définition d’un objectif. Que demande-t-on exactement à l’intelligence artificielle ?
Il s’agit ici d’être le plus clair possible, ceci afin d’assigner à l’IA un rôle applicable avec la meilleure efficacité qui soit.
Pour cela, il convient d’être assez directif sur la fonction attribuée, par exemple, à Chat GPT.
Ainsi, des précisions telles que « tu es un veilleur basé en France et tu travailles dans le secteur des assurances » permettra à l’IA de s’exprimer avec un certain niveau de langage.
À l’inverse, une précision du type « tu travailles pour une banque » sera trop floue…
Étape n°2 : le contexte
La seconde étape à bien respecter consiste à effectuer une mise en contexte de la commande qui, là encore, sera la plus claire possible.
Cette action a ceci de particulier qu’elle permet à l’IA de mieux structurer sa réponse. Ici, il s’agit de détailler ce qui est attendu de l’intelligence artificielle générative : une synthèse d’articles, un résumé…
Il convient d’apporter des précisions sur le niveau de langage, le ton du texte, la cible, les objectifs précis.
Il est ainsi envisageable de demander à l’IA d’effectuer sa proposition rédactionnelle sous un format accessible, ou au contraire technique.
Pour la rédaction d’un document texte, par exemple, il est également important de mentionner qui seront les lecteurs (l’équipe marketing, l’équipe de direction…).
Étape n°3 : le format et le ton
Des Intelligences Artificielles telles que Chat GPT appliquent strictement ce qu’on leur demande.
Ainsi, il est important de leur préciser la nature et le périmètre du livrable souhaité : une synthèse, une structure en paragraphes, un raisonnement, une analyse…
Il est également possible de lui demander de s’exprimer sous la forme d’une liste à puces, d’un tableau ou… d’un visuel pour certains cas particuliers.
Exemple d’ordre à passer : « tu vas rédiger une synthèse en commençant par trois phrases d’accroche, poursuivre par la liste des thématiques abordées dans ces articles sous forme de tirets et rédiger une conclusion« .
À signaler que le ton peut faire l’objet de précisions. Il peut être tour à tour formel, éducatif, technique…
Étape n°4 : délimiter des frontières et inviter l’IA à effectuer des révisions
Il est important que les IA génératives soient informées des limites dans lesquelles elles inscrivent leur action.
Une formulation du type « rédige un article de synthèse plutôt long » est beaucoup trop vague.
On lui préférera une formulation telle que « rédige un article de moins de 2 500 caractères, espaces compris« , ou encore « ne rédige pas des phrases de plus de 20 mots« .
Il convient par ailleurs de remettre le métier sur son ouvrage. Les premières demandes formulées à l’IA générative doivent impérativement faire l’objet de nouvelles questions, lesquelles vont permettre d’ajuster, de préciser la demande initiale.
Le fait de continuer ainsi la conversation avec l’intelligence artificielle permet soit d’ajouter de nouveau éléments, soit d’en retrancher d’autres. Il s’agit donc bien d’une démarche itérative.
Nous en sommes aujourd’hui aux balbutiements d’une relation : d’ici quelques mois sans doute, les êtres humains que nous sommes auront acquis les réflexes méthodologiques nécessaires qui leur permettront d’utiliser l’intelligence artificielle générative avec un maximum d’efficacité.
Nous aurons notamment appris à nous méfier de l’emploi des adjectifs, qui entraînent l’IA vers la pente de émotions et qui donnent des résultats peu satisfaisants.
Nous saurons aussi adopter une approche neutre, directive et précise, à l’image d’un professeur de lycée faisant passer une épreuve orale du baccalauréat à son élève.
Le maître et l’élève sauront-ils rester chacun à sa place, sans que l’élève Chat GPT ne prenne la place du maître ? Très certainement.
L’exercice du prompt est là pour nous montrer combien la machine ne fait finalement que se plier aux exigences de l’intelligence humaine…