CHILI publish, éditeur de solutions de création, et Sapio Research ont publié les résultats d’une enquête sur les pressions auxquelles les professionnels des arts graphiques et leurs équipes de production graphique sont actuellement soumis, ainsi que sur l’avenir du secteur.
400 professionnels (décideurs graphiques d’entreprises de retail et responsables de la production graphique en agences marketing et publicité) issus du Royaume-Uni, des États-Unis, de France et d’Allemagne ont été interrogés, il en ressort que 49% d’entre eux prévoient que l’industrie de la production graphique manuelle sera obsolète d’ici cinq ans.
Les Français, moins pessimistes que leurs homologues britanniques, allemands et américains, ne sont que 37% à envisager ce constat.
Le rapport, qui a analysé la charge de travail et la disponibilité actuelles des entreprises, met en évidence le besoin urgent d’adaptation du secteur.
Il révèle, en effet, que près de la moitié (48 %) des personnes interrogées déclarent que l’exigence croissante des consommateurs est un des facteurs principaux de l’augmentation de leur charge de travail, cette proportion tombe à 35% en France.
Pour répondre à ses attentes, la quasi-totalité des personnes interrogées (96 %) reconnaissent que l’automatisation sera essentielle à l’avenir…
Les défis actuels auxquels est confronté le secteur de la conception/création
Le rapport relève un fait commun à l’ensemble du secteur : les équipes de production graphique ont du mal à répondre à la demande croissante d’actifs de marque, la France affiche en la matière le retard le plus conséquent.
En moyenne, au cours des 12 derniers mois, une campagne de marketing a été retardée de 9 jours en France contre 6 jours au Royaume-Uni et en Irlande.
Les consommateurs exigent toujours plus en matière de personnalisation et le volume croissant de projets qui en découle est un facteur clé de pression, 43 % des répondants indiquent qu’il s’agit de la principale raison de l’augmentation de ces projets au cours des 12 derniers mois.
Les designers français interrogés précisent d’ailleurs qu’ils dédient près de la moitié de leur temps (49%) à créer des déclinaisons de création.
Malgré les progrès technologiques, tels que les outils d’IA créés pour aider les concepteurs, près de la moitié des personnes interrogées (48%) déclarent que l’émergence de l’IA et des nouveaux outils de conception ont accru leurs obligations. Les répondants citent comme principaux défis « trop de travail à accomplir » (29 %) et » manque de temps pour la créativité » (28 %).
Les mesures pour faire face à l’augmentation de la charge de travail
L’augmentation du volume de travail n’a pas seulement un impact négatif sur les designers, mais aussi sur la productivité des entreprises.
39% ont révélé avoir pris des congés en raison du stress (contre 32% en France) et 39% ont envisagé de changer d’emploi (contre 27% en France affichant le taux le plus bas).
En outre, la moitié des entreprises ont été fortement touchées par des retards dans le lancement de produits (52 %) et par l’augmentation des coûts opérationnels due à l’inefficacité (49 %).
Les entreprises mettent en place des mesures pour surmonter ces problèmes. L’enquête révèle que, pour gérer les charges de travail croissantes, elles cherchent à recruter de nouveaux talents (34 %), à améliorer les compétences de leur équipe en place (34 %) et à utiliser l’IA de manière ponctuelle (33 %).
Toutefois, une grande partie des personnes interrogées se heurtent à des difficultés dans la mise en œuvre de l’IA : un tiers (33 %) admet ne pas être en mesure de donner des instructions efficaces à l’IA pour qu’elle effectue des tâches, tandis que plus de la moitié (56 %) estime que l’IA a du mal à comprendre les différences générationnelles et les nuances dans la conception – un domaine dans lequel les concepteurs humains conservent un net avantage.
L’avenir de la production graphique centrée sur l’homme
À mesure que les responsabilités continuent de s’étendre, il semble que le recours à l’automatisation soit inévitable, la quasi-totalité des personnes interrogées (96 %) estimant qu’elle sera essentielle pour répondre aux demandes croissantes.
Cependant, les attitudes à l’égard de l’IA semblent plus pessimistes, 89 % des personnes interrogées considèrent l’IA comme une menace pour le poste de leur équipe et 42 % prévoient une diminution du nombre de concepteurs dans leur entreprise dans les trois prochaines années.
Beaucoup plus positifs, les Français estiment à 23% que l’IA va générer un recrutement accru ou modéré de designers.
Pour se préparer à l’avenir, les professionnels français du graphisme estiment à 40% qu’il est essentiel d’avoir une bonne connaissance des applications de l’IA et de l’apprentissage automatique dans le domaine de la conception, de posséder une réelle sensibilité à la culture et à la localisation ainsi qu’à la créativité l’innovation (30% chacun) et de savoir s’adapter aux nouvelles technologies et tendances (29%).
« Il est indéniable que le secteur est à l’aube d’un changement majeur. Alors que la technologie est développée pour aider les graphistes, elle entraîne également une augmentation de la charge de travail.
commente Kevin Goeminne, PDG de CHILI publish
Les entreprises doivent aborder ces prochaines années avec prudence pour rester compétitives et conserver leurs talents. Les graphistes compétents seront toujours essentiels pour concevoir des concepts créatifs et trouver des idées, mais l’IA et l’automatisation peuvent aider à gérer les charges de travail croissantes, en améliorant l’efficacité et en fournissant des résultats de haute qualité.
Soutenir les équipes de production graphique avec une formation adéquate et la mise en œuvre de ces technologies est essentiel pour répondre à l’évolution des demandes et garder une longueur d’avance. »
Méthodologie
L’étude a été réalisée par Sapio Research, expert en technologie et en études de marché B2B, sur quatre marchés clés : Royaume-Uni, États-Unis, France et Allemagne. 100 personnes ont été interrogées dans chaque pays. L’enquête a ciblé deux publics principaux : 198 décideurs graphiques d’entreprises de vente au détail, et 202 répondants d’agences de marketing et de publicité responsables de la production graphique. Les données ont été collectées par le biais d’une enquête en ligne en juillet 2024, à l’aide d’invitations ciblées.