L’Ifop et Talan viennent de publier les résultats de la 3ème vague de leur baromètre sur la perception et l’usage des IA génératives par les Français
Cette étude met en évidence une démocratisation accélérée de ces technologies, tout en soulignant des fractures générationnelles et territoriales persistantes ainsi que l’émergence de nouveaux défis pour les entreprises insuffisamment préparées à cette révolution technologique.
Les IA génératives en plein essor : vers une adoption massive
Les IA génératives poursuivent leur progression spectaculaire. 86% des sondés ont déjà entendu parler de ces technologies (contre 78% en 2024). Ce taux de notoriété atteint même 91% chez les moins de 35 ans.
Après une année 2024 marquée par une hausse spectaculaire du nombre d’utilisateurs (+60%), les IA génératives continuent de séduire toujours plus de Français : 45% des sondés déclarent l’adopter au quotidien (+ 40,6% en un an).
Ces technologies sont principalement utilisées pour effectuer des recherches (34%), gagner du temps dans la vie quotidienne (28%), corriger des fautes d’orthographe (23%), stimuler la créativité (13%) ou renforcer la confiance en soi (10%).
Des fractures générationnelles et territoriales qui s’intensifient
Cette percée spectaculaire masque cependant l’accroissement de disparités notables.
Parmi elles, le renforcement de la fracture générationnelle : 85 % des 18-24 ans utilisent aujourd’hui les IA génératives (68 % en 2024), 63% des 25-34 ans (contre 47% en 2024), mais seulement 31 % des 35 ans et plus.
Une fracture territoriale persiste également et crée une France de l’IA générative à plusieurs vitesses : l’Île-de-France concentre 59% des utilisateurs (dont 64% dans l’agglomération parisienne) contre seulement 44% dans les communes urbaines de province et 34% dans les communes rurales.
IA au travail : efficacité en hausse, mais formation en berne
43% des sondés déclarent utiliser les IA génératives au travail, générant ainsi des gains de productivité parfois spectaculaires. 29 % d’entre eux affirment que leur productivité et leur efficacité ont augmenté de plus de 40 % grâce à ces technologies.
Sans surprise, ChatGPT d’OpenAI reste l’outil privilégié par 72% des utilisateurs, devant Gemini de Google (20%), Copilot de Microsoft (12%), tandis que l’entreprise française Mistral fait une entrée remarquée (6%) au côté de Deepseek, l’IA venant de Chine.
Malgré cette adoption croissante, des défis demeurent : si 52% des utilisateurs professionnels se sentent encouragés dans leur usage des IA génératives, seuls 15% sont formés, alors que 73% des Français estiment ne pas avoir les connaissances suffisantes pour utiliser ces technologies efficacement.
Autre fait préoccupant : seuls 9% des répondants travaillant en entreprise indiquent que leur organisation leur a mis à disposition des IA génératives, et 49% affirment que leur entreprise n’a pas l’intention de le faire.
Des Français toujours plus méfiants face à la démocratisation des IA génératives
Dans un contexte de tensions internationales, les craintes liées à l’adoption de ces technologies s’intensifient et se cristallisent autour des enjeux de souveraineté numérique.
Parmi les inquiétudes majeures : une dépendance excessive aux entreprises étrangères (60 %), les questions liées aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle (64%) ou encore les risques de sécurité concernant les données personnelles et professionnelles (65%).
« Comme toutes les technologies de rupture, les IA génératives reposent sur des paradoxes. Elles connaissent une adoption massive et rapide, particulièrement auprès des jeunes, mais sont simultanément confrontées à des obstacles structurels, à l’image des fractures persistantes entre générations et territoires.
indique Laurent Cervoni – Directeur de la recherche et de l’innovation du Groupe Talan
Dans la sphère professionnelle, elles transforment déjà profondément les habitudes de travail et la productivité, mais leur généralisation se heurte à un manque de formation et à la réticence des organisations.
Les entreprises et institutions font aussi face à un défi de taille : d’un côté, la nouvelle génération arrive sur le marché du travail avec des compétences et des attentes radicalement nouvelles ; de l’autre, les structures ne sont pas encore prêtes à intégrer pleinement ces technologies.
Cette dissonance pourrait rapidement devenir un enjeu d’attractivité et de compétitivité pour les entreprises françaises. ».
Méthodologie
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 100 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 18 au 19 mars 2025.
