Face à l’énorme succès de TikTok, Facebook vient de lancer son propre clone de l’application de vidéos si prisée des ados.
Objectif premier de ce lancement : stopper l’hémorragie et retenir des jeunes qui sont toujours plus nombreux à fuir un réseau social dans lequel ils ne se reconnaissent plus vraiment…
Success story chinoise
TikTok a vu le jour en 2016 et en moins de deux ans, cette application de vidéos à réussi à engranger quelques 600 millions d’utilisateurs mensuels dans le monde (dont 2.5 en France).
Ce nouveau venu n’en est pas vraiment un puisque ByteDance, le groupe de médias chinois créateur de cette appli, a en fait racheté il y a peu son principal concurrent Musical.ly pour la modique somme de 800 millions de dollars afin de fusionner leurs deux services et ainsi rapidement booster l’audience hors de Chine.
Résultat de l’opération : la popularité de cette plate-forme de création vidéo en mode « lip sync » est telle auprès des ados que TikTok est tout simplement devenue en quelques mois l’appli la plus téléchargée au monde, passant ainsi devant Youtube, WhatsApp et bien sur… Facebook…
Un succès qui a aussi fait de ByteDance la startup la plus valorisée au monde après avoir réalisé une levée de fonds de quelques 3 milliards de dollars le mois dernier, portant le total de sa valorisation à plus de 75 milliards de dollars!
La fusion des réseaux
Difficile de comprendre un tel engouement pour TikTok lorsque l’on pose platement son concept qui n’a, a priori, rien de novateur : une appli d’édition vidéo qui permet de faire de courts playbacks de 15 secondes et de les partager avec sa communauté…
Mais quand on creuse un peu, on s’aperçoit vite que TikTok a été calibré pour plaire aux jeunes en reprenant tout ce qui a fait le succès de ses aînés dans les réseaux sociaux :
- possibilité de liker la vidéo (Facebook, Youtube),
- de créer des communautés ou des groupes (WhatsApp),
- ajout de filtres à la Snapchat et d’effets mode Instagram,
- bibliothèque immense de vidéos et de musiques (Musical.ly, Spotify…),
… le tout en jouant sur la mode du format court qui a fait les belles heures de Periscope ou de Vine.
Autre force indéniable de TikTok : les challenges font partie intégrante de l’ADN de l’appli qui en propose un nouveau chaque jour histoire de stimuler la créativité de ses abonnés (et aussi d’inciter à la diffusion de l’appli auprès de leurs proches).
Surfant souvent sur l’actualité ou les passions des ados, ces challenges deviennent très vite viraux.
Bref, une véritable machine de guerre bâtie pour le social qui n’est pas sans rappeler l’engouement généré à ses débuts par un certain Snapchat…
Facebook condamné à cloner ?
Pour contrer les nouveaux entrants, Facebook avait jusqu’ici misé sur deux stratégies : le rachat d’un concurrent devenu trop sérieux ( à l’instar d’Instagram en 2012 ou de WhatsApp en 2014) et/ou la copie de leurs fonctionnalités phares (comme l’intégration des stories dans Facebook ou des filtres dans Instagram pour ne pas laisser le champ libre à Snapchat).
Cette dernière méthode étant d’ailleurs moyennent appréciée par les principaux intéressés…
Mais face à TikTok, la réaction est un peu différente et semble presque timide. Le réseau social s’est en effet « contenté » d’annoncer il y a quelques jours le lancement officiel de « Lasso« , un clone pur et simple de l’appli chinoise.
Si cette contre-attaque peut sembler un peu légère au vu de l’ampleur du phénomène TikTok, il ne faut pas oublier que celle-ci fait en fait partie d’un mouvement beaucoup plus large opéré par Facebook depuis plusieurs années maintenant (on pense notamment au rachat de TBH, l’appli très prisée des ados américains en 2017): fidéliser ou faire revenir des jeunes qui fuient de plus en plus le réseau social « historique »…
L’exode des jeunes…
Annoncé depuis plusieurs années, la fuite des jeunes ne semble plus être une légende urbaine désormais pour Facebook.
En effet, seule la moitié des ados utilisent toujours Facebook en 2018, alors que si l’on remonte seulement quatre ans en arrière, ils étaient 71% à surfer sur le réseau social.
De nombreuses enquêtes auprès des jeunes générations montrent que le réseau social est de plus en plus perçu comme, au mieux un portail pour garder le contact avec la famille, au pire un « truc de vieux »…
Et le phénomène ne concernent pas que les plus jeunes : une récente étude du Pew Research Center révèle également qu’aux États-Unis 44% des 18-29 ans ont supprimé l’application Facebook de leur smartphone durant l’année passée.
Si le groupe de Mark Zuckerberg a bien sur beaucoup d’autres ressources (Instagram et WhatsApp étant a priori pour l’instant épargnés par le phénomène) et une force de frappe financière sans égale, on comprend toutefois que sa marque phare ne peut pas rester sans réaction face à cet exode massif d’une population qui représente, à moyen terme, son avenir … ou sa perte…