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Avis d'expert

Numérique : les perspectives illimitées de l’économie connectée

Généralisation de la 5G, industrie 4.0, smart cities, agriculture connectée… Les applications du numérique dans la vie économique connaissent une progression exponentielle. Et ce n’est qu’un début. Les appétits des acteurs privés s’aiguisent, stimulés par les investissements publics…



Par Alice Muller, chargée de mission relations institutionnelles public-privé



C’est l’une des usines automobiles les plus modernes du monde : ouverte par Mercedes-Benz près de Stuttgart et baptisée Factory 56, elle est neutre en carbone et entièrement connectée, préfigurant l’avenir de l’industrie 4.0.

Le constructeur allemand a relié ses machines tout au long de sa chaîne de production grâce à des objets connectés entre eux par un réseau 5G.

Les données transmises en temps réel permettent aux équipes de suivre très précisément chaque véhicule et d’intervenir rapidement en cas de problème. 

Une flexibilité qui a permis d’augmenter la productivité de 25 %…


 

Usines 4.0, smart cities et agriculture connectée 

En France, l’usine 4.0 se développe peu à peu, notamment dans l’aéronautique, l’automobile ou la chimie, mais également dans l’agroalimentaire, le luxe et la mode, des secteurs où la France dispose d’acteurs de premier plan.

Des entreprises comme Airbus, Dassault Systèmes, Bosch, Siemens ou Schneider Electric sont très impliquées.

Parmi les initiatives significatives, le fabricant de textiles ardéchois Chamatex a mis en route une nouvelle usine pour la production 4.0 de baskets sportives haut de gamme, ce qui a permis de rapatrier une partie de la production en France.

L’équipementier technologique Lacroix déploie quant à lui la 5G avec Orange pour tester le concept d’usine modulable. 

Dans un tout autre domaine, celui des smart cities, Singapour, ville pionnière en matière de 5G, a fait de la surveillance de la qualité de l’air et du trafic une priorité.

Des milliers de capteurs ont été positionnés dans les rues mais aussi sur le toit des taxis pour analyser en temps réel le niveau de congestion routière.

Les données transmises au dispositif de circulation payant font alors varier le prix selon le jour, le quartier, l’heure et le trafic. 

De son côté, Zurich se distingue par son système de gestion intelligente des bâtiments : en interconnectant ses dispositifs de gestion du chauffage, de l’électricité et du refroidissement, elle peut ajuster sa consommation au plus près des besoins réels, et réaliser des économies d’énergie

L’agriculture aussi se fait plus « smart » grâce au digital et à la 5G.

Des innovations permettent désormais de mesurer les besoins en eau et en engrais des parcelles, de prédire et de prévenir les maladies des plantes, de géolocaliser les traitements au bon endroit, de piloter les dispositifs d’irrigation…

Grâce à une multitude de capteurs intelligents et de machines autonomes, il s’agit de s’orienter vers une véritable agriculture de précision

La France compte déjà plus de 200 start-up et entreprises référencées dans l’AgriTech et la FoodTech.

Avec plus de 560 M€ de fonds levés en 2020, l’écosystème français dans ce domaine se positionne à la cinquième place dans le monde et au premier rang en Europe.

La promesse est immense, tout comme le marché potentiel. « Le marché mondial de l’agriculture intelligente devrait atteindre un chiffre de 23 milliards de dollars en 2025 », selon l’agence Transparency Market Research. 


5G : un rôle crucial dans l’économie connectée 

Ces exemples, parmi d’autres, illustrent l’appétit croissant des acteurs privés et des villes pour ces nouvelles technologies.

La généralisation progressive de la 5G va jouer un rôle crucial dans le développement de toutes ces applications.

Avec une promesse de temps de latence inférieur à une milliseconde (contre 25 à 40 pour la 4G), et un volume de données transmis multiplié par 100, la 5G doit permettre de parachever la transition vers l’industrie 4.0.

Grâce à l’introduction de nouvelles générations de robots connectés, à l’interconnexion des sites de production et à la multiplication de capteurs, il s’agit de généraliser la communication entre les machines et d’accélérer la communication homme-machine pour améliorer les process industriels. 

Outre-Rhin, l’engouement des industriels pour la 5G s’intensifie.

L’Allemagne compte déjà plus d’une centaine de réseaux 5G privés de nouvelle génération.

« La 5G offre une robustesse et une agilité parfaitement adaptées aux applications industrielles », assure Tom Richter, responsable de l’intégration verticale des process manufacturiers de Nokia en Allemagne.

« Le temps de latence très court permet un pilotage fluide des machines et des robots. La très importante capacité de transmission de données facilite l’utilisation de la vidéo et de la réalité virtuelle en temps réel. L’absence de saut d’une antenne à l’autre améliore aussi la communication mobile, comme pour les véhicules autoguidés ».

Alors qu’avec le Wi-Fi, le débit baisse quand le nombre de terminaux augmente, la 5G serait capable de gérer un million d’objets connectés par kilomètre carré.

Les villes seront également un terrain de jeu privilégié pour la 5G, qui permettra d’interconnecter les systèmes, ouvrant la voie à des usages innovants comme l’analyse prédictive des flux de mobilité et leur gestion en temps réel. 


Des investissements publics à la hauteur des défis… 

Ces différentes initiatives des acteurs privés ou des collectivités sont stimulées par les investissements publics en faveur de l’économie connectée.

La transition numérique est ainsi au cœur du grand plan de relance européen de 750 milliards d’euros. 

Le plan « France 2030 », qui doit mobiliser 30 milliards d’euros, a notamment pour objectif de réindustrialiser la France en misant sur l’innovation dans quelques secteurs clés comme l’énergie, l’automobile, l’aéronautique, l’agriculture et la santé.

Ce plan prévoit notamment 2 milliards d’euros d’investissements dans la robotique, la génétique et le numérique dans l’agriculture, ainsi que 7,5 milliards d’euros dans l’innovation en santé, mais également 6 milliards d’euros pour la production de composants électroniques.

Des investissements qui bénéficieront aux grands industriels comme aux start-up. 

Pour accélérer le développement de l’usage de la 5G, en particulier dans le monde industriel, l’Etat « vise jusqu’à 735 millions de financements publics d’ici 2025 pour mobiliser, par effet de levier, jusqu’à 1,7 milliard ».

Les fonds publics viendront de France Relance, le plan du gouvernement pour soutenir l’économie après la crise du Covid-19, et du 4e programme pour les investissements d’avenir.

Le gouvernement estime que cet effort de stimulation des applications de la 5G peut permettre de créer 20.000 nouveaux emplois d’ici 2025, et porter à 15 milliards d’euros le marché de la 5G en France. 

Une enveloppe de 800 millions d’euros est consacrée à la robotique industrielle : 400 millions d’euros pour les acteurs de la production de machines intelligentes et de robots dotés de logiciels ou d’intelligence artificielle embarqués, et 400 millions d’euros pour accompagner la transformation de sites industriels vers l’industrie 4.0.

Un « vrai coup d’accélérateur » pour la filière des fournisseurs de solutions pour l’industrie du futur.

Et pour l’agriculture connectée, le gouvernement a lancé un vaste plan de plus de 200 millions d’euros, pour accompagner les entreprises de l’Agritech et de la Foodtech.


et qui aiguisent les appétits des acteurs privés 

Ces plans de développement dopent naturellement les ambitions des principaux acteurs : fabricants de puces électroniques, éditeurs de logiciels, grands opérateurs de réseaux…

Les grands équipementiers télécoms, comme le suédois Ericsson, le finlandais Nokia ou le chinois Huawei, qui fournissent notamment les antennes 5G, jouent un rôle majeur.

L’année 2022 s’annonce excellente pour eux, sur fond de forte hausse des investissements 5G aux Etats-Unis et en Europe.

Selon les analystes de Jefferies, les dépenses des opérateurs télécoms dans les réseaux mobiles vont augmenter de 6 % dans le monde en 2022. Au total, les investissements atteindront 200 milliards de dollars.

Du jamais vu depuis 2015, lorsque les dépenses dans les réseaux 4G avaient atteint leur pic. 

Ericsson, par exemple, a commencé l’année avec le sourire, en présentant en janvier des résultats financiers supérieurs aux attentes des analystes.

L’entreprise a bien sûr profité de la hausse des ventes de ses équipements de télécommunications 5G. Elle a enregistré en 2021 un chiffre d’affaires en hausse de 3 % et un bénéfice net en progression de 30 % sur un an.

Confiante dans ses capacités technologiques, l’entreprise suédoise vient d’ailleurs de lancer, le 28 mars 2022, le premier réseau commercial 5G « standalone » au Canada avec le groupe de télécommunications local Rogers.

Un réseau entièrement 5G et autonome, Ericsson fournissant des services avancés 5G et des solutions de réseau innovantes. 

Les concepteurs et fabricants de nouvelles solutions robotiques comptent également parmi ces acteurs clés.

La société française Siléane (Loire), par exemple, a été choisie par le président de la République pour annoncer le plan du gouvernement en matière de robotique industrielle.

Cette entreprise fabrique des robots dopés par des capteurs de vision et de l’intelligence artificielle pour de multiples applications industrielles (agroalimentaire, pharmacie, environnement, plasturgie, automobile, etc.). 

Manipuler, emballer, assembler, trier des déchets, déconstruire pour recycler, dévraquer tous types d’objets… Autant d’activités servies efficacement par ces technologies pour automatiser le geste en contexte aléatoire ou inconnu, là où les robots aveugles ne fonctionnent plus.

Siléane s’emploie en effet à fabriquer des robots qui analysent leur environnement et adaptent leurs gestes en temps réel pour agir avec minutie, précision et rapidité.

Située au croisement du numérique, de l’optique et de l’automatisation, l’activité et la R&D de Siléane lui donnent assurément un bon potentiel pour tirer pleinement partie du boom annoncé de l’industrie 4.0. 

Autres bénéficiaires de cette dynamique, les fournisseurs de service de proximité, qui déploient l’ensemble des technologies numériques que nous venons d’évoquer, au plus près des consommateurs finaux, puis en assurent la maintenance et la mise à niveau.

Dans un secteur très morcelé, seules quelques entreprises de taille industrielle parviennent à consolider leur activité, en mettant à la disposition des grands comptes un modèle fiable et propice aux économies d’échelle.

Parmi celles-ci, Solutions 30 est une société luxembourgeoise initialement très implantée en France, totalisant un chiffre d’affaires de 874 M€ en 2021, et qui met à disposition des opérateurs d’une dizaine de pays européens son vaste réseau de 15.000 techniciens pour déployer les différents segments du numérique : télécoms, énergie, sécurité, IoT…

Comme le souligne Gianbeppi Fortis, son PDG : « Nous sommes positionnés pour tirer le meilleur parti des efforts de pays comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne qui lancent respectivement une campagne d’équipement en fibre analogue à ce que la France a connu ses dernières années, et qu’on peut chiffrer à quelque 20 Milliards d’euros par pays ».

Une ambition qui s’étend également au potentiel considérable de la 5G, comme en atteste le rachat fin 2021 du britannique Mono Consultant Limited, qui apporte à Solutions 30 des clients aussi prestigieux que British Telecoms ou Telefonica…







 

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