Pour la deuxième année consécutive, Sia Partners, Econocom et l’Ifop présentent leur étude de grande ampleur sur les pratiques digitales des entreprises en France. Principal constat : la transformation numérique n’est plus considérée comme un buzzword ou un effet de mode par les décideurs français, le digital faisant désormais figure de normalité pour la grande majorité d’entre eux.
Avec plus de 400 participants issus de 329 grandes entreprises françaises de plus de 500 collaborateurs, dont 25 groupes du CAC 40, cette étude établit une cartographie inédite de la transformation numérique des entreprises en France. Ce baromètre pose ainsi, sur deux ans, les bases d’un référentiel pertinent pour les éditions futures.
Le digital, un « new normal » face à la résistance au changement
Loin d’être un buzzword, le digital fait désormais figure de normalité et constitue l’indispensable adaptation des entreprises à la nouvelle donne. En 2016, seules 26 % des entreprises estiment que leur transformation numérique est motivée par un effet de mode (vs 32 % en 2015).
Reflet du passage du « must-have » au « must-do », la résistance au changement devient le frein principal cité en 2016 et se place en tête des problématiques à résoudre pour accélérer la transformation digitale.
Le manque d’agilité de l’entreprise devient le second obstacle majeur, passant de la 6ème à la 2ème position tandis que la capacité à évaluer concrètement le ROI des projets complète le Top 3. Thème particulièrement investigué en 2016 par les entreprises, la sécurité passe de la 3ème à la 7ème position des freins cités.
Bruno Grossi, Directeur Exécutif d’Econocom explique ces évolutions par un changement de référentiel :
« En 2016, les principaux freins cités sont directement liés à la mise en œuvre opérationnelle des projets dans les entreprises. Enfin ! Les attentes et le niveau d’exigence des dirigeants se sont sensiblement renforcés, preuve que le digital ne pénètre pas encore assez et assez vite le monde de l’entreprise. Pour réussir leur révolution digitale, les entreprises doivent accepter de revisiter les modèles économiques, les organisations, les processus opérationnels, les relations avec leurs clients et collaborateurs ».
La data, une (r)évolution encore à ses prémices
Si la data apparaît comme l’un des enjeux phares de la transformation numérique, la collecte organisée et l’exploitation intelligente des données sont encore peu investies par les entreprises en 2016, au contraire de la question de leur sécurité.
Pour Isabelle Denervaud, Associée du cabinet Sia Partners, « les stratégies des entreprises révèlent une grande diversité de profils, entre posture défensive et proactive. Quatre profils de Data Players émergent, selon leur avancement sur les sujets data, au premier rang desquels on trouve les Audacieux et les Avant- Gardistes. Ces derniers, en avance sur tous les domaines, sont dotés à 85% d’un Chief Data Officer. Les Sécuritaires et les Indifférents investissent eux le secteur de la data par l’angle détourné de l’Internet des Objets ».
Au-delà de l’enjeu sécuritaire largement investigué, les entreprises perçues comme capables d’exploiter pleinement le potentiel de leurs données constituent aujourd’hui une minorité, notamment sur les axes de la collecte (9 %), la qualité (12 %) et le traitement des données (10 %).
L’externe, nouvel eldorado du digital et de l’innovation
Cette édition 2016 le confirme, c’est vers l’externe que les entreprises se tournent en premier lieu pour chasser de nouveaux talents digitaux (43 % en 2016 vs 34 % en 2015).
Par ailleurs, l’écosystème est de plus en plus sollicité au travers de partenariats avec des entreprises innovantes, le financement ou le soutien à des start-ups (1,8 fois plus qu’en 2015) et 63 % des entreprises déclarent avoir participé en tant que visiteur, exposant ou sponsor à des événements sur le digital ou l’innovation.
L’appréhension du digital semble une évidence quand il s’agit de l’usage professionnel à destination de l’externe : en 2016, les entreprises sont toujours plus présentes sur les réseaux sociaux (83%), principalement sur Facebook, puis sur Twitter et LinkedIn.
A l’inverse, les collaborateurs se trouvent délaissés, avec des formations au digital en recul (à peine 3 entreprises sur 10 contre 4 sur 10 en 2015 proposent des formations au digital) et des outils digitaux qui se révèlent plus déceptifs qu’en 2015 (seuls 16 % des utilisateurs sont convaincus par la simplicité d’utilisation des outils digitaux à leur disposition contre 23 % en 2015).
Les initiatives des entreprises sur le digital sont nombreuses. Elles doivent en particulier relever un double défi :
- Pérenniser leur transformation technologique en incluant la dimension « expérience collaborateur »,
- Diffuser une culture forte de progrès et d’aventure collective pour lever les résistances.
Alors que le digital est en voie de normalisation et que l’adoption des pratiques qui en découlent constitue désormais un facteur clé de compétitivité, les entreprises commencent déjà à investir de nouveaux domaines, et notamment celui de l’Internet des Objets.
Signe de la prochaine révolution digitale ?