La digitalisation et l’impact toujours plus important de la data ont eu de fortes répercussions sur le marché des études ces 10 dernières années.
Aujourd’hui en phase de transition, ce secteur cherche aussi à se renouveler en attirant des profils plus techniques et plus jeunes…
Selon l’Observatoire du marché des études 2019 de Syntec Conseil*, fédération des métiers du conseil dont font partie les professionnels des études, le chiffre d’affaires du marché marque un temps d’arrêt après la croissance soutenue des dix dernières années.
Activité incontournable tant la compréhension des consommateurs et du citoyen est devenue déterminante, le secteur des études mène une réflexion globale afin de renouveler son fonctionnement interne et attirer les nouveaux talents parmi les millenials.
Une croissance stable, dans un contexte de transition pour le marché
Le chiffre d’affaires du marché des études accuse une baisse de 1% par rapport à 2017.
Ce léger repli face aux chiffres de croissance des années précédentes (+10% en 9 ans et +2,5% en 5 ans) ne semble cependant pas annoncer une rupture durable.
- Les plus petits instituts (de moins de 1,5 millions de chiffre d’affaires) déjouent cependant la tendance globale : ils ont connu en moyenne une croissance de 2,6% en 2018. Avec toutefois de fortes disparités de croissance entre eux.
- Les instituts de taille moyenne (entre 1,5 millions et 15 millions de chiffre d’affaires) connaissent la plus importante décroissance avec une baisse de 15,5 points.
- Les instituts de plus de 30 millions d’euros de chiffres d’affaires restent dans la tendance globale malgré un timide retour à la croissance (+1% par rapport à 2017).
Ce retour à la stabilité après la dynamique de croissance du marché des Études caractérise aussi la nécessité de sa transformation.
L’avènement des technologies numériques et le nouveau traitement de la donnée ont eu un impact considérable sur le secteur, l’obligeant à mettre en place de nouveaux modes de fonctionnement et des services inédits.
La majorité des instituts de tailles moyennes, qui ont vu leur croissance chuter l’année dernière, pensent néanmoins renouer avec elle en 2019 et font part de leur optimisme.
Ces instituts allouaient 2,9% de leur chiffre d’affaires à la Recherche et Développement en 2017, chiffre qui s’est hissé à 3,7% en 2018.
Les évolutions du marché requièrent en effet de se tourner vers l’innovation pour assurer l’avenir, cette dernière étant coûteuse à court terme mais payante sur la durée.
Diversifier et rajeunir les profils : le nouveau défi du secteur
Les nouvelles formes de data et le développement d’activités connexes telles que le conseil, l’accompagnement stratégique, le recueil de données passives ou encore l’analyse du trafic en ligne a poussé les instituts à diversifier les profils recrutés, répondant à de nouveaux besoins en compétences.
Ces recrutements ont majoritairement eu lieu dans les domaines de l’analyse SML, la data science et le développement informatique, la neuroscience, la recherche et développement en méthodologie, le planning stratégique et les designers.
La mue opérée par le secteur souffre néanmoins d’un problème de reconnaissance de la part des jeunes actifs, nouvellement arrivés sur le marché du travail.
Le secteur des études n’était composé en 2018 que de 41% de moins de 35 ans, et seulement 7% de moins de 26 ans.
Par comparaison, 84% du secteur du conseil en management et stratégie sont des individus de moins de 35 ans (dont 30% de moins de 26 ans).
Dans le contexte de transformation globale du secteur, le marché doit se montrer plus attractif auprès des jeunes actifs, avec pour chantiers prioritaires :
- le changement d’image,
- la reconnaissance de ses nouvelles expertises
- la réponse aux aspirations professionnelles des millenials.
« Le marché des études français a considérablement évolué avec le développement de la data science. C’est tout le secteur qui a commencé sa transformation en recrutant de nouveaux profils afin de répondre à des missions inédites.
Dorénavant, le défi est de faire comprendre la nouvelle réalité de notre métier aux plus jeunes.
Pour cela, le monde des études doit poursuivre sa mue, tant sur le fond que sur la forme, pour correspondre aux aspirations des millenials.
Nous devons adopter de nouveaux cadres de travail, encourager la flexibilité, proposer de nouvelles formations … mais surtout continuer à donner du sens. C’est un défi que le secteur est prêt à relever »
analyse Laure Benaroya, vice-présidente de Syntec Conseil, administratrice de la commission Études.
*L’Observatoire du marché des études 2019 de Syntec Conseil s’appuie à la fois sur les données fournies par les adhérents de la fédération ainsi que sur une trentaine d’entretiens qualitatifs réalisés auprès de dirigeants d’agence d’études et de responsable études au sein de grands groupes.
