Fabernovel publie l’épisode 2 de son rapport, “Gafanomics – The Quarterly”, qui analyse les résultats et les différentes stratégies mises en place par les géants de la Tech au second trimestre 2019.
Alors que la nouvelle économie a ouvert la voie à de nouvelles règles de création de valeur, ce rapport de Fabernovel – qui combine à la fois la vision financière, stratégique et technologique – analyse les moteurs des grandes entreprises technologiques et leur stratégie de développement.
“Le soleil continue de briller sur le marché de la Tech, le deuxième secteur le plus performant aux Etats-Unis au cours des trois derniers mois après la santé.
Dans un contexte de marchés financiers toujours favorables, apaisés par des taux d’intérêt bas mais sensibles aux tweets de Donald Trump sur la guerre commerciale, les géants technologiques ont réalisé un bon second trimestre : environ 60% des entreprises de notre échantillon de 20 sociétés ont répondu ou battu les attentes (contre 50% environ pour le S&P 500) ”
explique Jean-Christophe Liaubet, Associé chez Fabernovel.
CA, pub et diversification comme maître-mots…
Ce deuxième trimestre (du 31 avril 2019 au 31 juillet 2019) confirme trois tendances clés dans les stratégies des géants de la tech.
#1. Le chiffre avant la rentabilité
Tout d’abord, la priorité de la croissance du chiffre d’affaires au détriment de la rentabilité. Les sociétés de l’échantillon* ont enregistré en moyenne une croissance de 22% de leur chiffre d’affaires au deuxième trimestre mais une baisse de 4% de leur résultat d’exploitation.
#2. La pub se porte bien
Deuxième tendance, la performance solide du modèle de la publicité numérique. Au-delà du retour en force de Snapchat, les performances opérationnelles d’Alphabet – maison mère de Google – et de Facebook ont été peu impactées par la méfiance grandissante des utilisateurs face à l’utilisation de leurs données.
#3. Se diversifier à tout prix
Troisièmement, les stratégies de diversification dynamique. Facebook a annoncé Libra, sa nouvelle monnaie d’échange basée sur plusieurs devises qui marque la volonté de l’entreprise de diversifier son modèle économique, aujourd’hui basé à 98% sur la publicité, et à se rapprocher du modèle de la super-app (cf. WeChat, the shape of the connected China – Slide 9.)
Taxe GAFA et petits nouveaux
Ce trimestre fut aussi marqué par l’intensification de la pression réglementaire sur les GAFAM, entre l’amende record de 5 milliards de dollars pour Facebook et l’ouverture d’une nouvelle enquête de la Federal Trade Commission sur ses récentes acquisitions, ainsi que la taxe Gafa sur le numérique qui impose les entreprises à hauteur de 3% du chiffre d’affaires réalisé en France.
C’est aussi l’entrée en bourse remarquée de 3 nouveaux acteurs :
- Slack, valorisé 23 milliards de dollars et dont Fabernovel a analysé le modèle dans une étude Gafanomics dédiée,
- CrowdStrike, une entreprise de cybersécurité valorisée plus de 6 milliards de dollars à son entrée en bourse et dont le cours a plus que doublé par rapport à son prix d’introduction,
- Fiverr, qui se compare à Amazon il y a 20 ans sur le marché de l’emploi.
Dans le TOP : Alphabet, un rebond au 2ème trimestre
Après un premier trimestre décevant, Alphabet a annoncé des résultats financiers pour le deuxième trimestre qui ont dépassé les attentes des analystes, avec des coûts d’acquisition de trafic (TAC) par revenus publicitaires dégagés en baisse par rapport à l’année précédente.
Le TAC est ce qu’Alphabet dépense pour que les entreprises choisissent les services de Google et illustre ainsi la santé de son modèle.
La société a également affiché une hausse importante de ses autres revenus, ceux non issus de la publicité, tirée essentiellement par la vente de services cloud et aidée par celle des produits hardware grâce au lancement du nouveau téléphone intelligent Pixel 3a.
Ces autres revenus ont représenté 6,18 milliards de dollars, soit une croissance de 39,5% par rapport à l’année précédente, contribuant ainsi à hauteur de 28% à la croissance totale des revenus du groupe.
Dans le FLOP : Amazon, en deçà des attentes
Amazon a habitué ses investisseurs à atteindre (et souvent battre) ses prévisions, mais cette fois-ci son résultat opérationnel a été bien inférieur (3,2 milliards de dollars contre 3,7 milliards attendus).
Les coûts de gestion de l’entreprise ont montré que les investissements de la livraison en moins d’une journée ont un impact significatif sur la marge d’Amazon et pousse l’entreprise à anticiper un bénéfice encore plus faible au troisième trimestre 2019.
Amazon a également enregistré la plus faible croissance du chiffre d’affaires d’AWS – son cloud computing pour les entreprises – depuis 5 ans. Faible croissance à relativiser puisqu’elle représente tout de même 37%, et est bien supérieure à celle de Microsoft de 17% sur le même secteur.
Enfin, Amazon a également indiqué le 1er août que l’entreprise ne sera pas en mesure d’absorber la nouvelle taxe française sur les revenus des GAFA réalisés en France (principalement en raison de sa faible marge) et qu’elle devra donc la répercuter sur les entreprises françaises utilisant sa marketplace.
La SURPRISE : Netflix chute en bourse
10%. C’est la chute du cours de l’action de Netflix en réaction à la perte des 126 000 abonnés américains et un objectif global à moitié atteint avec 2,7 millions de nouveaux abonnés contre 5 millions attendus.
Principales raisons : la hausse des prix dans certaines régions et l’arrivée de nouveaux acteurs tels Disney, WarnerMedia, NBCUniversal à la fin de l’année sur un marché déjà hautement concurrentiel.
Pourtant, Netflix a annoncé des résultats supérieurs à ses propres prévisions avec un chiffre d’affaires de 4,9 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, en hausse de 2,3 milliards de dollars soit 26% par rapport à l’année précédente.
Le CLASH : Microsoft passe à l’offensive face à Slack
Alors que Microsoft refusait de divulguer ses chiffres d’utilisateurs, l’entreprise a finalement décidé de publier le 11 juillet un graphique comparant la croissance des utilisateurs actifs quotidiens de Teams par rapport à Slack, seulement 3 semaines après l’introduction en bourse de ce dernier.
Ce graphique affiche une croissance rapide avec une avance de près de 3 millions d’utilisateurs pour Microsoft.
La santé : le nouvel Eldorado des géants de la tech
Enfin dans ce nouveau rapport “Gafanomics – The Quarterly”, Fabernovel se penche sur l’évolution du marché de la santé.
Un grand marché – 10 000 milliards de dollars d’ici à 2022 – et une industrie critique pour l’avenir de l’humanité.
Les acteurs historiques, encore à la traîne comptant uniquement sur des acquisitions pour générer de la croissance, commencent à s’y faire bousculer par de nouvelles startups ainsi que les géants du numérique qui y voient un nouveau terrain de jeux.
Ces derniers s’entendent proposer des solutions rapides à des problèmes existants en capitalisant sur leurs infrastructures existantes pour améliorer nos modes de vie :
- Amélioration du corps : Exosquelette, réalité augmentée ou encore modification de l’ADN.
- Wearables : Montres connectées avec Apple, patchs et soutiens auditifs.
- Détection des maladies : Machine Learning et IA pour la détection du cancer avec Google ou IBM, reconnaissance vocale pour les problèmes respiratoires avec Amazon.
- Parcours de santé : Données de santé, transport de patients avec Uber par exemple.
- Amélioration continue des pratiques : Tencent désengorge les hôpitaux en facilitant la prise de rendez-vous directement via WeChat.
Même si la protection des données personnelles reste un défi pour permettre aux acteurs Tech de pénétrer le marché de la santé, les acteurs établis réagissent en investissant en R&D, en lançant des initiatives innovantes bien que non de ruptures ou en créant des partenariats – entre pairs ou avec ces géants du numérique.
C’est le cas de Sanofi par exemple qui s’est allié à Verily, filiale d’Alphabet, pour créer Onduo, une application mobile qui aide les patients à mieux gérer leur diabète. Sanofi conjugue ainsi son savoir-faire et ses ressources aux méthodes de travail agiles et à l’esprit entrepreneurial propres à Verily.
Au-delà des intérêts financiers de ce marché, c’est une occasion pour les géants Tech de changer à la fois leur image et de développer davantage leur responsabilité sociétale en faisant de la tech, un bien commun autrement dit de la « Tech for Good ».
*L’échantillon étudié sur ce trimestre : Uber, Baidu, Tencent, Twitter, Tesla, Apple, Lyft, Microsoft, Zoom, Amazon, Paypal, Netflix, Spotify, Google, Samsung, Salesforce, Alibaba, Square, Facebook et Snapchat