Le cabinet EY (ex-Ernst & Young) a sondé un panel de 152 entreprises françaises employant entre 500 et 2000 employés, cette étude conclut qu' »en dépit d’une perception majoritairement positive, le ‘Big data bang’ n’a pas encore eu lieu dans la réalité »
Un concept encore trop flou …
L’étude montre que deux tiers des entreprises françaises (63%) considèrent que le Big data est un concept intéressant mais encore trop vague pour constituer un levier de croissance. Plus de la moitié (57%) des entreprises interrogées n’a pas encore étudié les opportunités éventuelles liées au Big data pour leur activité.
« Or, si pour de nombreuses entreprises, le concept reste encore difficile à appréhender tant en termes de transformation organisationnelle, que de stratégie, de mesure de ROI ou de gestion et de formation des compétences,il faut souligner que 17% des entreprises françaises interrogées sont considérées comme « très matures » dans ce domaine selon l’indice EY de Maturité Data» explique David Naïm, associé EY responsable du pôle Stratégie, Marketing et Innovation (SMI).
…pour des entreprises pas encore prêtes
Par ailleurs, 84% des entreprises collectent leurs données clients au travers des « traditionnels systèmes de facturation » et peu d’entre elles utilisent « les canaux numériques et mobiles ». « Un constat surprenant« , estime Bruno Perrin, associé responsable des secteur Télécoms, médias et technologies chez EY, qui rappelle que chaque minute, 208.300 photos sont publiées sur Facebook et 350.000 tweets sont postés. Pour lui, la deuxième révolution de la (Big) data sera celle de l’exploitation des données non structurées et de l’open data.
Les sociétés françaises sont également en retard dans le traitement des données collectées. Près de la moitié des entreprises interrogées reconnaissent que leurs données clients ne sont pas assez exploitées et seules 30 % d’entre elles ont recruté des profils spécifiques dédiés au traitement et à la gestion de la data. Pourtant, « sélectionner les données qu’on va conserver est un choix qui requiert des compétences, des ressources et des outils spécifiques« , explique David Naïm, associé EY responsable du pôle Stratégie, marketing et innovation.
Les mégadonnées peinent à se développer en France car les entreprises sont encore « peu matures » sur la protection et la sécurisation des données. Pourtant, l’étude souligne que cet enjeu est la clé de l’avenir même du Big data.
Toutefois, les secteurs de la grande distribution, des télécoms, des médias et des technologies sont les plus matures en terme de l’exploitation des données clients en France, puisque dans ces secteurs, la data est le pilier historique (..) des stratégies marketing.
Les entreprises françaises peuvent encore rattraper leur retard
La situation n’est pas pour autant irrémédiable. Selon EY, les entreprises françaises non seulement doivent mais aussi peuvent rattraper leur retard.
Comment ? « En privilégiant un management agile qui privilégie les initiatives sur le terrain et en cassant les silos de données entre les différents services, répond Karim Ben Djemiia. Il faut surtout balayer le scepticisme ambiant en apportant la preuve de l’intérêt économique du Big Data par le biais de projets pilotes bien ciblés. Il ne faut pas avoir peur de l’échec. Il faut essayer et apprendre. Si l’intérêt économique est prouvé par le pilote, l’entreprise peut passer à l’industriaisation. Sinon elle arrête et teste un autre projet. »
Les entreprises doivent aussi recruter des data architects, data scientists, data analyts et autres data managers, nécessaires pour tirer de la valeur de leurs données. « Elles sont aujourd’hui très pauvres en compétences sur la donnée puisque 70% d’entre elles disposent de moins de 10 profils de ce type, note Karim Ben Djemiaa. Seulement 6% d’entre elles affichent plus de 50 spécialistes au compteur. »
Les résultats détaillées de l’étude sont consultables ici