Selon les résultats du Top 250 des éditeurs de logiciels français publié par le Syntec Numérique et EY, le secteur se porte très bien avec une croissance soutenue + 15 % de chiffres d’affaires entre 2014 et 2015. Seules ombres au tableau : des difficultés de recrutement et une très forte concentration du marché…
Le Syntec Numérique et EY ont présenté hier soir les résultats de la sixième édition du Top 250 des éditeurs de logiciels, le panorama de référence du secteur portant sur près 400 entreprises.
Si leur croissance se poursuit à un rythme soutenu avec + 15 % de chiffres d’affaires entre 2014 et 2015, les éditeurs rencontrent aussi des difficultés de recrutement, un frein qui constitue aujourd’hui l’un des enjeux clé du secteur et de son développement.
Franck Sebag et Jean-Christophe Pernet, associés EY en charge de l’étude, commentent : « Le cru 2015 des éditeurs français de logiciels est d’excellente qualité. Ce 6ème Panorama révèle des performances d’autant plus remarquables que le contexte général reste difficile. La croissance soutenue du secteur est portée par l’ensemble des éditeurs, avec une mention particulière pour les éditeurs sectoriels qui enregistrent un taux de croissance cumulé de 40 % sur les deux dernières années. De la même manière, l’ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille, y
contribuent »
Une croissance à 2 chiffres
Mesurée en chiffre d’affaires, la croissance du secteur des éditeurs et créateurs de logiciels confirme une excellente dynamique, avec des taux de croissance annuels à deux chiffres, sur deux périodes consécutives.
Dans le Top 10, deux champions se distinguent : le chiffre d’affaires de Criteo (1,2 milliard d’euros) progresse de 60 % ; celui de Dassault Systèmes de 20 % pour atteindre 2,5 milliards d’euros.
Près de 60 % des entreprises réalisent un chiffre d’affaires entre 0 et 10 M€, dont 43 % entre 0 et 5 M€. La proportion importante de start-up chez les éditeurs de moins de 10 M€ illustre également bien le dynamisme du secteur.
7% des éditeurs se partagent 70% du marché
Le secteur du logiciel connait cependant toujours une très (trop?) forte concentration.
7 % des éditeurs réalisent 70 % du chiffre d’affaires et 43 % du panel 2 % (ces derniers avec des ventes inférieures en moyenne à 2 M€).
Et si toutes les catégories d’éditeurs contribuent à la bonne croissance du secteur, le développements les plus importants viennent des sociétés de la catégorie 50-100 M€, comme en attestent les cas de Meta4 (+ 105 %), Focus Home Interactive (+ 59 %) ou Infovista (+ 55 %).
L’inéluctable passage à l’international
La part du chiffre d’affaires réalisé à l’international progresse de manière linéaire en fonction de la taille des sociétés concernées, avec notamment une forte accélération pour les sociétés réalisant plus de 100 M€ de chiffre d’affaires.
Ce constat démontre la nécessité de s’internationaliser de plus en plus tôt afin d’accélérer son développement et d’atteindre une taille critique.
Les pays frontaliers ou proches de la France (Belgique, Royaume-Uni, Suisse, Allemagne et Espagne) constituent, les autres choix principaux d’implantation.
Vers une pénurie de talents?
Le secteur a recruté 17 800 employés nouveaux entre 2013 et 2015, soit + 14 %.
La croissance des effectifs est particulièrement marquée pour les catégories moins de 5M € et 5-10 M€ avec respectivement + 36 % et + 25 % sur deux ans.
Mais si 86 % des éditeurs interrogés souhaitent embaucher en 2016, 78 % d’entre aux font état de leurs difficultés à recruter certains talents dans un contexte où les besoins de recrutement sont importants afin de maintenir la croissance du secteur à un niveau élevé.
Pour retenir les talents, 55 % des éditeurs misent, en premier lieu, sur des outils classiques : salaires et primes.
SaaS, Web et Big Data comme sources de croissance
La part du SaaS (« Software as a Service ») et des services Internet dans l’activité des éditeurs continue de croître.
En 2015, elle représente 25 % du chiffre d’affaires contre 22 % en 2014. On observe également une priorité au Cloud (49 % du panel) et une percée spectaculaire du Big Data (12 % du panel).
« L’édition logicielle française confirme un dynamisme inépuisable, elle constitue une source de création de valeur pour l’ensemble de nos entreprises. Tout démontre que les entreprises qui s’engagent dans une vraie stratégie de transformation bénéficient de dividendes importants en termes de marges opérationnelles. Le rôle des éditeurs est de permettre cette transformation, de permettre une évolution des business models qui la sous-tendent.
Plus qu’un rôle, c’est une vocation cruciale, d’autant plus en France dont le tissu des Petites et Moyennes Entreprises reste encore fragile si nous le comparons à celui de nos voisins allemands. Supporter le passage à l’échelle des PME est un défi qui s’applique aussi aux acteurs de notre industrie qui, je le rappelle, compte 2500 éditeurs, et dont près de 80% sont des PME. De l’avenir de la croissance des éditeurs de logiciels français dépend celui de notre économie en général.
Aussi, je souhaite pouvoir renforcer l’effort consenti pour non seulement faire connaitre les spécificités et les enjeux de notre secteur, en particulier auprès des pouvoirs publics, mais aussi pour que ces mêmes spécificités et enjeux soient bien compris par tous », conclut Marc Genevois, Président du collège Editeurs, Syntec Numérique.