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Fin de cycle pour les réseaux sociaux ?

Pour la première fois depuis leur création, le temps passé sur les réseaux recule dans le monde.

C’est un tournant historique pour l’économie de l’attention.

Pour la première fois depuis leur apparition au début des années 2000, le temps passé sur les réseaux sociaux recule.

D’après une étude mondiale menée par GWI et analysée par le Financial Times, les internautes consacrent désormais en moyenne 2 h 20 par jour à ces plateformes – soit 10 % de moins qu’en 2022, année du pic historique.

Un signal inédit, qui marque un essoufflement global, y compris chez les plus jeunes, pourtant longtemps considérés comme les premiers adeptes des réseaux…



Réseaux sociaux : la fin d’un cycle ?

Pendant deux décennies, les courbes de croissance semblaient inarrêtables : chaque année, plus d’utilisateurs, plus de temps passé, plus de profits publicitaires.

Mais en 2024, la trajectoire s’inverse. Selon les données recueillies auprès de 250 000 adultes dans plus de 50 pays, la baisse est observable sur presque tous les marchés, sauf en Amérique du Nord, où l’usage reste légèrement en hausse (+15 % sur deux ans).

Partout ailleurs, l’attention se déplace : en Europe, elle recule d’environ 12 %, en Asie de 9 %.

Ce recul ne signifie pas que les réseaux disparaissent – ils rassemblent toujours près de cinq milliards d’utilisateurs –, mais que la relation entre utilisateurs et plateformes s’altère. L’intensité du lien se fragilise et l’intérêt s’émousse…



Une fatigue numérique profonde

L’étude met en lumière un phénomène déjà perceptible sur le terrain : la fatigue numérique.

Les jeunes générations, notamment les 16-24 ans, réduisent le temps passé sur les applications de manière plus marquée que leurs aînés.

Cette génération, pourtant née avec le smartphone, manifeste une lassitude croissante face à la standardisation des contenus et à la pression de la performance sociale.

Les motivations évoluent aussi : depuis 2014, la part d’utilisateurs déclarant se connecter pour « rester en contact » ou « s’exprimer » a chuté de plus de 25 %.

Désormais, l’usage relève davantage du réflexe que du plaisir ; un geste automatique, sans engagement réel.

La promesse initiale – celle du lien et de la créativité partagée – s’est diluée dans un flux infini de vidéos courtes et de contenus formatés pour l’algorithme.



L’algorithme contre l’humain

L’autre facteur clé de ce désamour tient à l’évolution du modèle économique des plateformes.

Pour capter l’attention, les réseaux ont privilégié le contenu viral, l’optimisation algorithmique et plus récemment les productions générées par l’intelligence artificielle.

Résultat : un fil d’actualité saturé, impersonnel, souvent artificiel. Les utilisateurs ont l’impression d’être happés par une machine qui recycle les mêmes formats sans âme.

Cette logique quantitative a certes dopé les revenus publicitaires à court terme, mais elle a aussi dégradé l’expérience utilisateur.

Beaucoup d’usagers décrivent un sentiment de vide après des sessions de scroll prolongé – un contraste saisissant avec la promesse initiale de connexion et de découverte.



Des usages qui se fragmentent

Face à cette saturation, l’attention se déplace vers d’autres formes d’interaction : messageries privées, newsletters, podcasts, serveurs Discord ou espaces communautaires plus restreints.

Ces alternatives offrent davantage de contrôle et d’authenticité, là où les grandes plateformes imposent leur rythme et leur logique d’engagement.

Les marques elles-mêmes adaptent leurs stratégies : moins de budgets sur les campagnes sociales, davantage sur le contenu propriétaire et la relation directe.

Les créateurs, eux, migrent vers des modèles d’abonnement ou des plateformes plus éthiques, misant sur la fidélisation plutôt que sur la viralité.



Une mutation, pas une disparition

Le recul du temps passé n’annonce pas la mort des réseaux sociaux, mais bien leur transformation.

Après vingt ans de croissance sans limite, l’écosystème entre dans une phase de maturité – voire de réévaluation.

La question n’est plus seulement de capter du temps, mais de redonner du sens à la présence en ligne.

Le « désamour » observé ne traduit pas une fuite, mais un besoin d’équilibre. Les utilisateurs reprennent la main sur leur attention.

Les plateformes, elles, vont devoir réapprendre à séduire autrement : moins par le choc de dopamine et plus par la valeur relationnelle…