Le Secrétaire d’Etat au Numérique, M. Cédric O a décidé d’ouvrir un appel d’offre pour l’hébergement du Health Data Hub européen suite aux nombreuses polémiques critiquant l’attribution par défaut du marché à l’américain Microsoft.
Pour Frans Imbert Vier, expert franco-suisse en protection et souveraineté des données, il faut toutefois rester vigilant et ne pas faire un appel d’offre pour la forme.
« Le fond doit préserver l’avantage stratégique européen et garantir que seules les sociétés de droit européen, dirigées et financées que par des européens puissent répondre à l’Appel d’Offres.
Si l’approche ne semble pas conforme aux règles de l’OMC, je mets au défi de trouver une application stratégique et régalienne aux Etats-Unis qui soit européenne » explique t’il.
Un enjeu géopolitique qui va bien au-delà de la santé
L’enjeu du Health Data Hub, c’est la donnée santé, collectée en masse qui sera consolidée dans une base regroupant des données scientifiques précieuses pour la recherche européenne, mais aussi des données personnelles de chacun d’entre nous.
Le Conseil d’Etat n’ayant pas compris l’enjeu stratégique et géopolitique de cette donnée, en rejetant le référé déposé par les associations et professionnels de santé, il revient à l’Etat de produire un Appel d’Offres invoquant la souveraineté régalienne dans les technologies choisies qui auront la charge de préserver l’information et la conservation de cette dernière.
« Si la technologie américaine est incontournable en de nombreux point, l’Europe a largement le savoir et la technologie pour compenser une grande partie d’entre elle.
poursuit Frans Imbert Vier.
Il lui suffit de le faire savoir et le collectif initié par Pascal Gayat peut permettre de construire un cahier des charges qui ira à l’avantage de l’Europe »
Une mise en garde capitale pour la souveraineté des données
Frans Imbert Vier en appelle à M. le Secrétaire d’Etat pour que les réserves de l’Appel d’Offre et du cahier des charges du projet détournent volontairement les solutions non européennes en ce qui concerne les points technologiques sensibles.
« Son commentaire laissant entendre qu’il faut « laisser la place aux investisseurs et entreprises américaines puissent opérer en France » reste malvenu. Priorité doit être donnée aux acteurs du numérique européens pour tous les sujets relevant du secteur régalien, dont la santé.
Il ne doit pas y avoir de compromis sur cette question. Les solutions américaines ne pourraient être contestée dans un cadre privé et sur un marché libre, mais leur laisser la place alors qu’elles sont déjà là, c’est reléguer en second plan l’innovation digitale européenne qui a largement la capacité de produire un Healt Data Hub de grande qualité » conclut-il.
A propos de l’auteur
Ancien DSI pendant plus de vingt ans passé par Apple, OMNICOM et le groupe Marie Claire, Frans Imbert-Vier crée UBCOM, sa propre société de conseil en cybersécurité.
Intervenant à l’ISEP (Institut Supérieur d’Électronique de Paris) , il publie de nombreuses tribunes et fait référence dans le monde de la cyber sécurité et les sujets relevant de la souveraineté politique et technique d’une donnée.