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Numérique : des Français entre addiction et saturation…

Accros au scroll, au streaming et aux réseaux, les Français vivent désormais en continu sur leurs écrans. Une immersion qui crée engagement… mais aussi fatigue, surcharge mentale et usage compulsif.


La cinquième édition du Baromètre des comportements numériques, réalisée par Toluna Harris Interactive pour la MILDECA, apporte un éclairage saisissant sur la manière dont les Français vivent — et parfois subissent — leur vie en ligne.

Une photographie sans fard d’une société où le numérique est omniprésent, où les réseaux sociaux s’imposent dans le quotidien, et où la frontière entre usage, dépendance et malaise psychologique devient de plus en plus poreuse…




Le numérique en toile de fond du quotidien

Désormais, deux tiers des Français communiquent en ligne chaque jour. Plus d’un sur deux consulte des contenus sur les réseaux sociaux, tandis que le streaming et le gaming s’installent durablement dans le paysage des loisirs quotidiens.



Derrière ces chiffres, une réalité : le numérique n’est plus une activité, mais une infrastructure invisible qui rythme les journées.

On retiendra surtout qu’une part significative des utilisateurs quotidiens dépasse les trois heures d’usage pour le streaming, le gaming ou le shopping en ligne. Comme si les plateformes, devenues moteurs d’attention, captaient bien plus qu’un simple temps d’écran.



La fracture générationnelle se creuse

Sans surprise, les 15–24 ans et les 25–34 ans dominent tous les indicateurs.

80 % des plus jeunes communiquent en ligne quotidiennement, 83 % consultent des contenus sur les réseaux sociaux, 62 à 65 % regardent du streaming chaque jour. Le numérique n’est pas seulement une pratique : c’est un environnement natif.

Pour cette génération, le numérique n’est pas un outil — c’est un espace de sociabilité, d’information, de divertissement. Un espace tout-en-un qui concentre les interactions, les loisirs et les repères culturels…


Surconnexion et fragilité psychologique : un signal d’alerte

L’un des enseignements majeurs du Baromètre tient dans cette corrélation nette entre intensité des usages et détresse psychologique déclarée.

Ceux qui se disent les plus fragiles psychologiquement sont aussi ceux qui utilisent le plus intensivement les plateformes numériques : 68 % regardent du streaming tous les jours, 53 % jouent quotidiennement.

Cause ou symptôme? L’étude ne tranche pas mais elle confirme au moins une chose : pour une partie de la population — notamment les plus jeunes —, le numérique devient un refuge, un échappatoire, et parfois un amplificateur du mal-être.



Une dépendance numérique assumée… et pourtant ingérable

Plus de trois quarts des utilisateurs avouent dépasser régulièrement le temps qu’ils s’étaient fixé.

La consommation de contenus en ligne apparaît comme la plus difficile à maîtriser : 54 % déclarent y passer « souvent » plus de temps que prévu.


Conséquence directe : obligations repoussées, repas perturbés, rituel du coucher parasité. Le soir, 58 % continuent de regarder des contenus au lit.

Le smartphone est devenu un écran-compagnon dont il semble difficile de se défaire, même quand on en ressent la lassitude.



Réseaux sociaux : omniprésents et chronophages

64 % des Français passent au moins une heure par jour sur les réseaux sociaux. L’usage intensif explose chez les jeunes : 56 % des 15–24 ans y consacrent plus de trois heures par jour.

L’impression de « perdre son temps » y est omniprésente : 79 % des utilisateurs disent y rester plus longtemps que prévu.

Plus étonnant : une majorité d’utilisateurs (57 %) déclarent une utilisation « active » des réseaux dans une logique d’influence ou de gain financier.

Près d’un tiers cherchent même à développer une communauté. Le rêve de visibilité, de monétisation ou d’opinion compte désormais parmi les moteurs centraux des usages sociaux.

Près de trois quarts des utilisateurs consultent des contenus d’influenceurs — humoristes, sportifs, gastronomes… Les jeunes, là encore, en sont les plus fervents consommateurs. Plus de la moitié des moins de 35 ans estiment que les influenceurs affectent leur mode de vie et leur façon de penser : un aveu rarement formulé dans le débat public.





Une opinion publique lucide et critique

Malgré la généralisation des usages, les Français portent un regard sévère sur l’impact des réseaux sociaux.

70 % jugent leur influence négative pour la société. Et près de 90 % se disent favorables à une interdiction pour les moins de 13 ans.

Une lucidité qui cohabite avec un usage massif, un désenchantement mêlé de dépendance : c’est tout le paradoxe du rapport que les Français entretiennent avec les réseaux.



Ce baromètre n’est pas seulement un inventaire des usages : c’est un révélateur d’une société connectée, parfois jusqu’à l’excès, où la technologie sert à la fois de soutien, de distraction, de lien… et parfois de piège.

Une société qui interroge désormais ses propres pratiques, lucide sur les dérives mais encore hésitante sur les remèdes. Le numérique est partout, mais son impact réel — sur nos comportements, nos rythmes, notre santé mentale — reste un chantier ouvert.








Méthodologie

Enquête réalisée par Toluna Harris Interactive en ligne du 26 septembre au 2 octobre 2025. Échantillon de 2 074 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus.
Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération de l’interviewé(e).