L’intelligence artificielle et ChatGPT s’invitent régulièrement dans le débat public.
Pour mieux comprendre le rapport des Français à ces outils et leur impact sur la société et le monde du travail, Ipsos a mené une enquête exclusive pour Sopra Steria…
L’intelligence artificielle, une notion assez bien connue
Lorsque l’on parle d’intelligence artificielle, une grande majorité de Français (81%) déclare voir de quoi il s’agit et seuls 2% ne voient pas du tout de quoi il s’agit.
Si cette notion parait donc bien connue, un quart seulement des répondants (25%) précisent qu’ils voient très bien de quoi il s’agit, la plupart (56%) en ayant une idée moins précise.
L’intelligence artificielle apparait donc comme une notion connue, mais le plus souvent de manière imprécise.
Les répondants les plus jeunes paraissent les mieux informés sur ce sujet.
90% déclarent connaitre l’intelligence artificielle, dont 39% qui voient très bien de quoi il s’agit.
A l’inverse, les répondants âgés de 60 ans et plus ne sont que 17% à bien voir de quoi il s’agit.
Les cadres (91% déclarent voir de quoi il s’agit, dont 33% qui voient très bien) et les personnes ayant un diplôme supérieur au bac (84%, dont 30%) sont les catégories qui se déclarent les mieux informés sur ce sujet.
Quatre mois après son lancement, ChatGPT est connu par la majorité des Français
Deux-tiers des Français (67%) déclarent aujourd’hui avoir entendu parler de l’outil « ChatGPT », près de 4 sur 10 (38%) voyant même bien de quoi il s’agit.
ChatGPT, qui a fait l’objet d’une certaine attention médiatique, semble donc avoir acquis une notoriété importante.
Les catégories ayant une bonne connaissance de l’IA sont les mêmes qui ont le plus souvent entendu parler de ChatGPT.
Les moins de 35 ans sont ainsi 79% à avoir entendu parler de ChatGPT, dont 54% qui voient bien de quoi il s’agit.
Même constat pour les cadres (85%, dont 65%) et les personnes ayant un diplôme supérieur au bac (75%, dont 48%).
L’intelligence artificielle suscite des sentiments plus positifs que négatifs
ChatGPT, loin de susciter un rejet massif des Français suscite plutôt des sentiments positifs (63%) que négatifs (54%).
C’est avant tout de la curiosité (48%) et de l’intérêt (33%) qu’expriment les Français, bien avant de l’enthousiasme (13%).
ChatGPT semble donc faire l’objet d’une attention positive de la part des Français, sans susciter pour autant un fort engouement.
Une part importante (54%) citent également des sentiments négatifs.
A l’image des sentiments positifs, les Français expriment peu de jugements sur l’outil, mais plutôt une inquiétude (35% se disent inquiets et 15% dépassés). Seuls 11% expriment un rejet clair en se disant hostiles.
Si la curiosité est le sentiment ressenti en premier par les différentes catégories interrogées, on observe que les plus jeunes mettent ensuite en avant le fait qu’ils sont intéressés par ChatGPT (39%), tandis que les personnes les plus âgées se disent surtout inquiètes (38%).
La notoriété de ChatGPT a également une influence sur les sentiments exprimés.
Les personnes connaissant cet outil mettent en avant leur curiosité (51%) et leur intérêt (39%).
Si ces sentiments sont moins exprimés par les personnes ne connaissant pas l’outil, on remarque que ces dernières n’expriment pas forcément un rejet franc, 44% d’entre elles se disant curieuses, mais qu’un nombre important se sent indifférent (22%) voir dépassé (21%) par ce nouvel outil.
…mais provoque un sentiment assez partagé sur ses bienfaits potentiels
Les Français interrogés se montrent partagés sur l’impact que pourrait avoir les outils d’intelligence artificielle sur la société.
Une majorité y voit un risque (56%) qui pourrait poser de nouveaux problèmes mais on observe que plus de 4 répondants sur 10 (44%) considèrent ces outils comme un facteur de progrès, pouvant ouvrir des perspectives positives.
Les catégories les plus nombreuses à déclarer avoir une bonne connaissance de l’IA et de ChatGPT sont aussi les plus nombreuses à considérer les outils d’intelligence artificielle comme une source de progrès.
C’est le cas de 53% des jeunes de moins de 35 ans, de 52% des cadres et de 47% des personnes ayant un diplôme supérieur au bac.
Une difficulté à attribuer des avantages aux outils d’intelligence artificielle
Les Français se montrent partagés sur les différents aspects potentiellement positifs de l’intelligence artificielle.
Sur les quatre aspects testés, un seul suscite l’adhésion d’une majorité de répondants : 59% des Français partagent ainsi l’idée que les outils d’intelligence artificielle vont améliorer les conditions de travail des personnes ayant des emplois consistant principalement en des tâches répétitives.
Les personnes interrogées sont plus partagées sur le fait que les outils d’IA pourraient permettre une meilleure prise en charge des patients et une amélioration de la qualité des soins (44%) ou qu’ils pourraient contribuer à améliorer l’impact environnemental des activités les plus polluantes (42%).
Si une minorité seulement est d’accord avec ces deux idées, on remarque que, dans les deux cas, ils sont plus nombreux que ceux se déclarant pas d’accord (respectivement 42% et 40%).
En revanche, l’idée que les outils d’intelligence artificielle pourraient permettre d’améliorer l’enseignement et de développer l’intelligence et la créativité des élèves suscite moins d’approbation que de désapprobation (40% contre 48%).
Sur tous ces aspects, les répondants les plus jeunes sont les plus positifs.
S’ils sont avant tout d’accord sur l’impact positif pour les personnes ayant des emplois consistant principalement en des tâches répétitives (65%), ils se distinguent surtout sur leur perception de ces outils sur l’éducation, 51% d’entre eux étant d’accord avec l’idée que les outils d’intelligence artificielle pourraient permettre d’améliorer l’enseignement et de développer l’intelligence et la créativité des élèves, contre 34% seulement des 60 ans et plus.
De nombreux métiers et secteurs seront impactés par l’IA
Pour chacun des différents métiers testés, les Français voient un potentiel impact important des outils d’intelligence artificielle. Certains métiers seront transformés par ces outils.
En premier lieu, 58% des Français pensent que ce sera le cas du métier d’informaticien, 50% de celui de téléconseiller et 49% des métiers de conseiller bancaire et d’enseignant.
Sur certains métiers une part importante des Français considèrent même qu’ils pourraient disparaitre du fait des outils d’intelligence artificielle.
C’est notamment le cas des métiers les moins diplômés comme caissière (32% considèrent que ce métier va disparaitre du fait des outils d’IA), agent d’accueil (26%) et téléconseiller (23%).
Seuls deux métiers, selon les Français, ne devraient pas trop évoluer du fait des outils d’intelligence artificielle. C’est le cas du métier de livreur (45% des Français considèrent qu’il ne changera pas) et d’avocat (44%).
L’industrie, premier secteur où les avancées de l’IA seront les plus utiles
Parmi les différents secteurs où les avancées de l’IA semblent être les plus utiles, c’est l’industrie qui est citée en premier, par près d’un Français sur deux (49%).
D’autres secteurs sont également cités par de nombreux Français, notamment les Administrations (41%) ainsi que la Défense et sécurité (38%).
Les cadres citent particulièrement l’industrie (58%) et les administrations (54%) comme les secteurs où les avancées de l’intelligence artificielle seront les plus utiles.
Une confiance modérée dans les acteurs pouvant contribuer à l’indépendance européenne en matière d’IA
Dans le domaine de l’intelligence artificielle, dominé aujourd’hui par les Etats-Unis et la Chine, les Français accordent peu de confiance aux différents acteurs pouvant contribuer au développement d’une indépendance européenne
Parmi les différents acteurs testés, seules les entreprises européennes du numérique suscitent plus de confiance (45%) que l’inverse (41%).
Néanmoins, on constate qu’une minorité seulement déclare leur faire confiance, et que seuls 6% des répondants ont tout à fait confiance.
Les autres acteurs suscitent plus de défiance que de confiance, et notamment les décideurs politiques.
58% des Français n’ont pas confiance dans les décideurs politiques européens (contre 29% qui leur font confiance).
Le constat est encore plus sévère concernant les décideurs politiques nationaux (61% ne leur font pas confiance, contre 27%).
Si le constat est moins sévère envers les investisseurs privés (31% leur font confiance) et les ONG spécialisées dans le numérique (40%), ces deux acteurs suscitent plus de défiance que de confiance (respectivement 54% et 43%).
Les répondants les plus jeunes se montrent les plus confiants envers ses différents acteurs. Ils sont systématiquement plus nombreux que la moyenne à leur faire confiance pour favoriser la souveraineté européenne en matière d’intelligence artificielle.
Un souhait de davantage de régulation
Afin de mieux protéger les citoyens et les consommateurs, les Français souhaiteraient dans une grande majorité (71%) que les entreprises travaillant sur l’IA soient davantage régulées, tandis que 29% estiment à l’inverse qu’il faudrait limiter la régulation de ces entreprises afin de permettre l’émergence de grands groupes français et européens.
L’opinion sur certains outils d’intelligence artificielle ne semble pas avoir d’impact sur la perception de la régulation.
Ainsi, les personnes évoquant des mots exclusivement positifs sur ChatGPT sont 70% à souhaiter une régulation plus importante, une proportion équivalente à celle de ceux évoquant exclusivement des mots négatifs…
Méthodologie
Enquête menée par Ipsos pour Sopra Steria du 8 au 9 mars 2023 auprès de 1000 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.