Le paiement mobile va-t-il enfin se démocratiser grâce aux Apple Pay, Android Pay ?
Comment ces X-PAYs peuvent-ils réussir à s’imposer alors que l’essentiel des transactions mobiles se fait toujours dans des applications, comme des transactions e-Commerce…
Une tribune de Loïc Dequay, Innovation Manager chez Monext
Le StarTac, le téléphone « à clapet » inspiré de la série télévisée Star Trek proposait d’insérer dans son second slot, une carte bancaire. C’était il y a 15 ans déjà et c’était une idée d’Orange. C’était une belle tentative, mais l’offre ne fut jamais commercialisée.
Une approche nécessitant que les banques et les opérateurs se mettent d’accord ?
Depuis, des milliers d’experts à travers le monde ont cherché une approche plus universelle, celle du « SIM-centric » c’est à dire une solution qui intègre le paiement dans la carte SIM elle-même. Mais cette approche ne vit pas le jour, elle nécessitait que les banques et les opérateurs mobiles se mettent d’accord sur… le partage des commissions !
Sont alors apparus les wallets. Créés par des acteurs n’appartenant pas à l’industrie du paiement, ils nécessitent d’adapter tous les terminaux de paiement, tous les systèmes de caisses, et obligent donc leurs promoteurs à négocier commerçant par commerçant. Une tache bien fastidieuse, qui ne peut pas s’imposer rapidement.
Mais malgré les initiatives par centaines, les expérimentations tous azimuts, les annonces tonitruantes, on déplore très peu d’adoption par les consommateurs. Disons simplement que l’adoption n’est pas encore « massive ». Même Google wallet n’a pas pu s’imposer, Google !
On fait tout avec son smartphone, mais pourquoi pas payer !
L’avènement des smartphones a révolutionné nos vies : notre manière de nous informer, de nous déplacer et d’interagir avec les autres. Mais nous conservons encore l’habitude de sortir notre carte bancaire quand il s’agit de payer.
Pourtant la technologie HCE permet de payer avec un téléphone Android NFC, comme si on payait avec une carte bancaire, sans contact. C’est le téléphone qui se fait passer pour une carte, il n’y a donc pas à modifier le terminal de paiement.
En revanche, il faut que la banque maîtrise parfaitement le développement de l’application bancaire mobile. Et surtout qu’elle fasse de gros efforts de communication, d’éducation pour persuader ses clients de télécharger l’application et de payer avec. Mais la solution HCE ne fonctionne pas sur les iPhones. Dommage de ne pas s’adresser à toute cette partie du marché!
Les constructeurs de smartphone, les éditeurs d’OS réussiraient là où les banques échouent ?
Les constructeurs de smartphone (Apple, Samsung…) et l’éditeur de l’OS mobile (Android) arrivent alors avec une autre approche : une application de paiement est installée nativement sur le smartphone et le serveur avec qui l’application parle est géré par eux, les X-PAYs.
L’énorme intérêt est que l’expérience utilisateur est optimisée, le paiement devient une fonction de base du téléphone : inutile de télécharger l’application de sa banque et d’apprendre à s’en servir.
De plus, les développements informatiques pour les banques et les schémas monétiques (Visa, Mastercard…) sont faciles. Les banques n’ont plus qu’à passer un accord commercial avec le ou les X-PAYs de leur choix, pour offrir à leurs clients la possibilité de «payer mobile».
Les premiers déploiements des X-PAYs sont encourageants, et l’usage frémit. Chaque jour, de nouveaux utilisateurs renoncent à prendre leur carte de paiement dans leur portefeuille et paient avec leur smartphone.
Cette solution, installée nativement sur les smartphones va-t-elle démocratiser massivement le paiement mobile ?
Les premiers succès sont là, mais force est de constater que l’usage des X-PAYs est toujours beaucoup moins important que les paiements réalisés dans les applications mobiles comme celle d’Uber ou de Starbuck et qui sont tout simplement, des transactions e-Commerce classiques.
Gageons que le moyen idéal pour faire adopter le paiement mobile, sera certainement de le rendre invisible, même s’il reste lié à une carte bancaire !