Selon la dernière étude « Les jeunes Français face à l’IA générative » publiée par l’Ifop, près de neuf jeunes Français sur dix ont déjà utilisé une IA générative, principalement pour apprendre, créer ou se former.
Loin de se limiter à des usages ludiques, ils voient dans ces outils une opportunité d’innovation, d’entrepreneuriat et de développement professionnel, tout en restant attentifs aux enjeux éthiques…
Génération IA ?
La quasi-totalité des jeunes âgés de 16 à 25 ans (89%) ont déjà utilisé un outil d’IA générative, tels que ChatGPT, Grok, Gemini, Perplexity ou Claude, contre 43% au niveau du grand public.
Ce recours à l’IA deux fois plus importants chez les jeunes qu’au sein de la population française traduit un effet générationnel majeur : la génération Z joue un rôle clé dans l’adoption et la diffusion des pratiques liées à l’IA en France.
Au-delà de la connaissance et du recours à ces outils, la fréquence d’usage est élevée.
Parmi les jeunes déjà utilisateurs, 82% déclarent un recours au moins hebdomadaire, dont 28% “tous les jours ou presque”.
Rapportée à l’ensemble des jeunes de moins de 25 ans, on dénombre donc 73% d’utilisateurs hebdomadaires, et un quart (25%) d’utilisateurs quotidiens.
L’IA : un outil pratique et pas seulement pour les devoirs
Autre signe de cette percée de l’IA chez les jeunes : 92 % des utilisateurs affirment que ces outils leur sont utiles au quotidien, et près de la moitié (43 %) les jugent même “très utiles”, cette perception étant renforcée chez les habitants d’agglomération parisienne (54%) par rapport aux habitants de commune urbaines de province ou rurales.
À l’échelle de l’ensemble des jeunes, l’utilité perçue reste massive, avec 8 jeunes sur 10 (82%) jugeant ces outils utiles au quotidien.
Surtout, l’intensité d’usage et la perception d’utilité se renforcent mutuellement : plus on l’utilise souvent, plus on juge l’IA très utile : 79% des jeunes utilisant l’IA quotidiennement estiment cette technologie très utile dans leur quotidien, contre une moyenne de 38%.
Cette perception s’illustre dans des pratiques variées qui débordent la seule utilité scolaire auprès d’un public pourtant majoritairement étudiant.
Sur l’ensemble des jeunes, les utilisations d’IA générative les plus cités sont :
- la recherche et l’apprentissage (71%),
- 6 jeunes sur 10 citent la rédaction de textes, l’aide aux devoirs et le recours à l’IA par curiosité,
- et 5 sur 10 l’utilisent pour se confier et créer des d’images, vidéos ou de la musique.
Des usages plus “techniques” émergent aussi, cités par un quart des jeunes, tels la programmation et codage et la création de sites, d’applications ou de sa propre entreprise. A noter que ceux-ci relèvent d’un usage plutôt genré (respectivement 34% des hommes vs 19% des femmes ; et 32% vs 18%).
Un paradoxe révélateur : optimisme individuel vs inquiétude collective
Au niveau collectif, l’équilibre reste précaire : seulement 53% voient l’arrivée de l’IA dans le monde du travail comme une opportunité (contre 47% qui y voient une menace), et 60% anticipent un impact positif sur la société (contre 40% qui restent pessimistes).
Mais au niveau individuel, on observe une véritable ruée vers l’opportunité : 70% jugent les métiers de l’IA attractifs pour leur propre avenir professionnel, 52% s’imaginent y travailler un jour (dont 11% en ont déjà fait leur projet), et surtout 68% sont prêts à se former dans ce domaine.
Ce décalage illustre un réflexe de survie professionnelle : les jeunes anticipent que l’IA va transformer, voire menacer, l’emploi en général, mais estiment qu’individuellement, leur meilleure stratégie est de se positionner du côté des concepteurs plutôt que des impactés.
L’IA n’est pas perçue comme un simple outil utile au quotidien mais comme un impératif de compétitivité professionnelle, confirmé par les motivations de formation où le développement de compétences utiles pour l’avenir (66%) et la recherche d’un avantage sur le marché du travail (52%) dominent.
Cette génération ne croit pas nécessairement que l’IA rendra le monde meilleur, mais elle est convaincue que ne pas la maîtriser les rendra individuellement plus vulnérables…
Un besoin d’éthique marqué
Si les jeunes semblent très enthousiastes et demandeurs de formation vis-à-vis de l’IA générative, cette appétence ne va sans réflexion sur l’éthique de tels usages.
Parmi les freins à la formation, les “risques éthiques liés à l’IA” arrivent en tête des citations chez ceux qui ne souhaitent pas se former (43%).
Surtout, le socle de principe est très clair : 85% des jeunes jugent important que les formations à l’IA incluent des enseignements sur l’éthique et les impacts sociaux, dont 4 sur 10 jugent “tout à fait important” cette condition (39%).
La génération la plus utilisatrice apparaît donc aussi comme très demandeuse d’un encadrement normatif de l’IA…
Méthodologie
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgées de 16 à 25 ans.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’interview(é)) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 7 au 13 octobre 2025.