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L’Europe a-t-elle encore ses chances dans la course à l’IA ?

Alors que la France accueillera le Sommet pour l’action de l’Intelligence Artificielle du 6 au 11 février, comment l’Europe peut-elle se démarquer face aux milliards déployés outre-Atlantique ?


Les géants de la tech américaine ont investi des centaines de milliards de dollars en 2024 dans les grands modèles (LLM) d’IA et devraient accélérer encore plus fortement cette année avec une projection faite à 200 milliards de dollars pour les seules cinq entreprises américaines (GAFAM et Oracle) contre 165 milliards en 2024 selon un rapport de Bloomberg.

C’est sans compter l’annonce par le 47e Président des États-Unis du projet Stargate à 500 milliards de dollars. 

Le train de l’investissement de ces grands modèles et de leurs infrastructures semble déjà bien loin pour les entreprises européennes.

Bien que certaines essayent de concurrencer frontalement ces modèles à l’image de Mistral AI qui a réussi à lever près d’un milliard cette année et devrait entrer en bourse prochainement – impressionnant pour une start-up de l’Hexagone – la marche semble néanmoins encore très (trop) grande par rapport à ces géants.




Par Yaël Cohen-Hadria, avocate associée EY Société d’avocats & Cyril Vart, associé EY Fabernovel




Géant du web un jour, géant de l’IA toujours ?  

À la différence des premières années du Web qui ont vu grandir les GAFA, la révolution de l’IA générative se construit aujourd’hui avec la connaissance de leurs stratégies, longtemps documentées par EY Fabernovel dans les éditions GAFAnomics.

Une de leurs forces : la globalisation de leur modèle qui se remarque évidemment aujourd’hui dans les premiers produits et services lancés. Ceux-ci réalisent des tâches générales comme un compte rendu de réunion, l’analyse de tableaux de bord, etc. applicables pour de nombreux pays et métiers… 

Mais quand il s’agit de faire de « la dentelle » sur des résolutions de tâches plus spécialisées dans un secteur ou un métier précis, ces géants sont moins présents, leur modèle n’étant pas calibré pour.  

Un LLM comme celui d’OpenAI utilisé par exemple pour des questions de droit sera limité ! Il aura en effet besoin des spécificités locales de chacun des pays.

De la même façon, une IA capable d’anticiper une problématique très franco-française d’anticipation d’encaissement de la TVA pour les entreprises ne sera pas traitée par une LLM d’un géant…

Moins rentable pour ces géants, travailler sur la couche haute de l’IA est pourtant une stratégie qui peut s’avérer gagnante pour se différencier et créer de la valeur.

Et si la recette de l’IA générative pour l’Europe venait d’alliances et d’innovation sur cette couche applicative ? 



Des IA verticalisées et spécialisées pour l’Europe 

Se démarquer par des IA verticalisées et spécialisées permet non seulement de commodiser les grands LLM et d’acquérir une relative indépendance vis à vis des géants qui auraient le rôle de « simples » canaux, tout en créant de la valeur pour l’utilisateur final.  

Certes, on ne peut pas se passer, à date, des géants, mais il faut relativiser ce besoin en créant un jeu d’alliances en tant que prestataire de LLM ainsi que les futures innovations d’usages qui seront les plus pertinentes pour les entreprises.

Là est la valeur ajoutée, là est le modèle économique attractif pour les entreprises qui elles aussi ne veulent plus être “captives” d’un géant.

In fine, une stratégie qui permet aussi, de reprendre la main en matière de souveraineté et sur les futurs usages


Créativité législative, financière et industrielle et courage politique 

Face à la dérégulation américaine en cours, l’Europe se démarque avec son AI Act, son Data Gouvernance Act et son Data Act en prenant le chemin de la raison, de la confiance et de l’éthique.

Saisissons la balle au bond : si nos entreprises innovent et deviennent des championnes d’IA verticalisées et spécialisées, encore faut-il qu’elles ne soient pas avalées toutes crues par les acteurs hégémoniques américains. 

Nous devons prendre notre courage législatif à bras le corps comme nous savons le faire. Après tout, l’Europe régule quand les Etats-Unis innovent pour reprendre l’expression devenu un vieil adage.  

D’une part, les investissements dans l’IA en Europe ne doivent donc pas ralentir ! Certes notre règlementation est encadrante, voire “pénible”, mais c’est que nous défendons les valeurs d’une transformation digitale & de l’IA Responsable.  


D’autre part, l’interdiction de ces rachats devraient être mieux réglementée.

Être “financée et sponsorisée en Europe pour ensuite être rachetée par une entreprise hors UE, c’est du gâchis !

La R&D ne doit pas être la seule qualité de l’Europe…car elle ne rapporte que la gloire mais pas les bénéfices…d’autant qu’avec un dollar fort, nos jeunes pousses européennes et françaises s’avèreront en 2025 d’excellents investissements susceptibles de tomber sous pavillon de l’Oncle Sam pour continuer dans la stratégie de la “toute puissance”.  

Mais la régulation ne fera pas tout, il faut aussi réinventer notre modèle industriel et de financement.

Qu’il soit plus vertueux pour qu’il puisse réellement changer la balance lors d’une proposition de rachat américain par exemple.

Cela repose la question d’une Europe unifiée, notamment économiquement pour avoir l’effet de masse critique et de marché. Il est toujours plus facile pour une entreprise française de s’attaquer au marché américain qu’à celui Européen qui demande dix-sept business différents à gérer.

Mais prenons acte des expériences précédentes : pour ne citer que la loi européenne sur l’arrêt du véhicule thermique en 2035 : nous avons manqué de vélocité face au géant chinois qui a pris acte mais c’est surtout surpasser avec une vitesse sans précédent prenant au dépourvu les acteurs européens.  

Enfin, après la créativité législative et l’innovation industrielle et financière, il faut aussi s’armer de courage politique.

La nouvelle administration américaine nouvellement installée ne fera qu’accentuer les sanctions économiques.

Soutenir les start-up européennes de l’IA, passera donc aussi par la protection nos agriculteurs et producteurs de camembert, vin et autres spécialités du vieux continent…Sans oublier que les entreprises américaines, auront toujours besoin du vieux continent pour gagner 30 % de leurs revenus.   

C’est d’ailleurs ce que le Sommet de l’IA veut initier et, dans une démarche nouvelle : à la façon d’un hackathon, ce Sommet veut faire ressortir les initiatives et usages déjà existants pour dessiner un cap fort et actionnable par étapes pour booster notre économie et garder une innovation forte en Europe…






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