Loin du fantasme du robot-recruteur, une étude revient en détails sur les changements concrets opérés par l’intelligence artificielle dans le secteur des ressources humaines…
L’intelligence artificielle peut-elle aider les DRH à gérer le premier capital de l’entreprise : l’humain ?
Quelles sont les attentes des professionnels des RH par rapport à l’IA ? Comment perçoivent-ils cette nouvelle technologie ? Ont-ils déjà déployé l’IA dans leur service et pour quels objectifs ? En sont-ils satisfaits ?
Axys Consultants a interrogé les directeurs et responsables des ressources humaines pour comprendre quels sont les changements que l’IA va induire dans leur fonction.
Un déploiement encore timide mais les DRH sont prêts…
L’IA peine à émerger auprès de la fonction RH : pour 55 % des DRH, ce n’est pas à l’ordre du jour contre 11 % seulement qui l’ont déjà déployée.
De plus, 69 % d’entre eux estiment que l’implémentation de l’IA est en retard dans leur service par rapport aux autres départements de l’entreprise.
Mais ils sont prêts puisque 75 % des DRH affirment qu’ils sont bien informés des avantages que l’IA pourrait apporter à leurs missions.
Les objectifs de l’IA
La gestion administrative des RH est indispensable mais peut-être chronophage et c’est le premier domaine pour lequel les DRH estiment que l’IA est très utile à indispensable.
Cela passe non seulement par une automatisation des tâches administratives telles que les payes et congés (86 %) mais également par une délégation aux salariés de celles qui peuvent l’être grâce à un assistant personnel (78 %).
On retrouve ensuite le recrutement avec l’amélioration du matching des candidats et postes à pourvoir (77 %) et les outils optimisant la GPEC
Les solutions d’IA déjà déployées
Gestion des candidatures, automatisation des tâches administratives et mesure de l’engagement des salariés : les trois premières solutions déployées par les services RH
Parmi les solutions déjà déployées, on retrouve celles qui répondent aux principales préoccupations des DRH : le recrutement via la gestion des candidatures et l’automatisation de l’administratif.
Néanmoins même si le recul est souvent insuffisant pour se faire une idée de leur efficacité, 4 solutions sur 6 déployées (67 %) semblent ne pas donner entière satisfaction aux DRH …
Les solutions d’IA déployées d’ici à 3 ans
L’automatisation des tâches administratives (2e solution déployée actuellement à 28 %) sera la première solution implémentée en entreprise d’ici à 3 ans pour atteindre les 56 % (taux de prévision à 3 ans le plus élevé avec 28 %).
Le recrutement reste une préoccupation majeure et les outils d’IA pour améliorer le matching candidat/poste se placent en deuxième position (49 %).
Toujours dans l’objectif de gagner du temps la troisième solution implémentée concernera l’analyse et la génération automatiser de documents (41 %).
Solutions déjà déployées | % | Solutions déployées d‘ici à 3 ans | % | ||
1 | chatbot/agent conversationnel pour gérer les candidatures | 36 % | 1 | outil d’automatisation des tâches administratives (SIRH) | 56 % |
2 | outil d’automatisation des tâches administratives (SIRH) | 28 % | 2 | chatbot/agent conversationnel pour gérer les candidatures | 49 % |
3 | outil de sondage en temps réel des salariés pour améliorer l’engagement et la performance des équipes | 23 % | 3 | analyse et génération automatisée de documents (réponse mail, CR d’entretiens…) | 41 % |
4 | chabot ou assistant personnel RH via une appli sur smartphone pour que les salariés gèrent leurs congés, droit à la formation, carrière et donnent un feed-back à l’entreprise | 21 % | 4 | chabot ou assistant personnel RH via une appli sur smartphone pour que les salariés gèrent leurs congés, droit à la formation, carrière et donnent un feed-back à l’entreprise | 39 % |
5 | analyse et génération automatisée de documents (réponse mail, CR d’entretiens…) | 21 % | 5 | outil d’analyse de données pour le prédictif (pour recrutement, formation, mobilité, GPEC…) | 38 % |
6 | outil d’analyse de données pour le prédictif (pour recrutement, formation, mobilité, GPEC…) | 18 % | 6 | outil de sondage en temps réel des salariés pour améliorer l’engagement et la performance des équipes | 31 % |
Gagner du temps, se former à la data et être vigilant sur l’éthique
Les tâches administratives apparaissent comme un poste très chronophage pour les DRH et c’est quasi à l’unanimité (92 %) qu’ils attendent que l’adoption de l’IA leur permettent de gagner du temps grâce à l’automatisation.
Par ailleurs, ils ont conscience que l’IA est synonyme de data et qu’il leur faudra se former pour en tirer parti.
S’ils sont plutôt positifs quant à l’utilisation de l’IA (seulement 25 % ont peur qu‘elle déshumanise leur métier) ils sont vigilants quant à sa mise en œuvre : 83 % d‘entre eux s‘en déclarent garants et 81 % veilleront au respect des conditions de travail et au bien-être des salariés.
Des salariés assistés par l’IA et plus autonomes
Si les DRH sont positifs quant aux effets de l’IA sur leur fonction ils le sont également sur ceux impactant l’organisation du travail.
Ils sont lucides : l’IA va impliquer une montée en compétences des collaborateurs (91 %) mais en contrepartie elle va faciliter leurs tâches, leur donner plus d’autonomie (83 %) et redonner du sens au travail en supprimant les tâches répétitives grâce à l’automatisation (77 %).
Ils estiment également que l’IA aura un impact sur les qualifications attendues : pour 71 %, l’IA va créer de nouveaux emplois et faire disparaître les moins qualifiés.
Mais on peut penser qu’ils misent davantage sur la formation des salariés (à 91 %) car un peu moins de la moitié (49 %) pensent qu’il faudra recruter des profils de plus en plus qualifiés.
Les freins au développement de l’IA
Le premier obstacle au déploiement de l’IA pour les RH est son coût (71 %) suivi par un manque de formation (68 %)
- 73 % : Les coûts de développement de l’IA sont élevés
- 68 % : La formation technique : elle est insuffisante pour que les DRH puissent développer l’IA dans leur service
- 65 % : la culture d’entreprise (les salariés ne sont pas assez sensibilisés aux avantages de l’IA)
- 46 % : le soutien de la DG n’est pas suffisant pour déployer l’IA
Enquête réalisée en septembre et octobre 2019 auprès de 128 DRH en France