Les prochaines élections créent déjà un débat enflammé au sujet du système de santé publique. Quelles que soient nos prises de position, chacun accorde une grande importance à la qualité des soins. Mais un autre débat devient désormais incontournable : l’évolution progressive des possibilités de soigner et la simplification du quotidien des patients grâce à l’appropriation de la technologie…
Par Pascal Malotti, Directeur Conseil et Marketing, Valtech
Ne tournons pas le dos à l’immense espoir suscité par ces progrès. Ainsi, les applications connectées pourraient permettre une personnalisation accrue de la relation médecin-patient.
Nous n’en sommes pourtant qu’aux balbutiements. De nombreux débats légitimes accompagneront ces changements ; ils seront dépassés lorsque l’accès à ces dispositifs sera universel et que leur efficacité deviendra tangible.
L’application réparatrice de sommeil
Les études médicales qui se sont intéressées au phénomène du sommeil sont unanimes : il concerne bien plus que la simple régénération des batteries. D’un sommeil serein et régulier dépend en grande partie le bon fonctionnement de notre métabolisme. Des incidences directes sont démontrées sur la production d’hormones et les défenses immunitaires. À titre d’exemple, la France compterait près de 10% d’insomniaques.
Pas étonnant que de nombreuses entreprises se soient penchées sur cette problématique. Les outils permettant d’améliorer la qualité du sommeil sont ainsi légions sur le marché. Une offre se distingue par sa précision. Son nom : le capteur de sommeil RestOn mis au point par la société Sleepace dont la dernière version a été présentée au CES de Las Vegas début janvier.
Le dispositif est simple : un capteur est posé sur le côté du matelas, relié à une bandelette fine d’environ 80 centimètres de long qu’on glissera sous les draps. Il accumule une multitude d’informations relatives à la qualité du sommeil. Elles seront ensuite transmises vers l’application smartphone dédiée. Au réveil, l’utilisateur a accès à ses cycles de sommeil pendant la nuit, la fréquence de ses mouvements, son rythme cardiaque et respiratoire.
Puis l’application attribue une note sur 100 concernant la qualité du repos. RestOn a la capacité de proposer des conseils et exercices personnalisés qui diminueront les risques de nuits agitées. Plus encore, le dispositif joue le rôle de détecteur concernant l’apnée du sommeil.Ce trouble entraîne une coupure totale ou partielle de la respiration pendant quelques secondes au cours de la nuit. Le phénomène peut conduire à des conséquences sérieuses lorsqu’il se répète régulièrement dans la durée : hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires…
RestOn agit donc comme une alerte pour le sujet concerné. Son application traduit la volonté de ceux qui souhaitent mettre la technologie digitale au service de la santé : améliorer le bien-être et démocratiser les outils de dépistage.
Apaiser & sécuriser : la révolution du dépistage connecté
Le diabète est l’un des enjeux de santé publique de notre siècle. Caractérisée par un excès de sucre dans le sang, cette maladie concerne plus de 8% de la population mondiale. S’il existe des traitements pour y faire face, le suivi du diabète relève souvent du parcours du combattant pour les patients. En effet, chacun doit surveiller, plusieurs fois par jour, son taux de glycémie (quantité de glucose dans le sang) afin de prévenir les risques et éviter l’aggravation.
Jusqu’à maintenant, seuls des lecteurs de glycémie permettaient cette surveillance. Il s’agit de faire soi-même une petite piqûre sur le doigt pour prélever une goutte de sang nécessaire à l’analyse de la glycémie par le lecteur. Ce processus est contraignant, notamment sur le lieu de travail. La société irlandaise Medtronic propose de bouleverser cette routine de contrôle en la rendant connectée.
Elle a ainsi mis au point le système Guardian Connect. Il nécessite la pose d’un capteur de glucose collé sur le ventre (quasi indolore) et équipé d’une électrode qui va s’insérer sous la peau dans le liquide interstitiel. Relié à un transmetteur bluetooth, le capteur peut ainsi communiquer les valeurs de glycémie à une application mobile, consultable en toute discrétion. Plus encore, la fréquence des mesures s’effectue toutes les 5 minutes, soit 288 fois par jour contre une dizaine de relevés avec les méthodes traditionnelles.
Grâce à l’application, le patient diabétique peut contrôler précisément l’évolution de sa glycémie et prévenir l’hypo ou hyperglycémie soudaine. Le système Guardian Connect permet également de personnaliser des alertes prédictives en fixant des seuils de vigilance à ne pas franchir.
Le patient est alors prévenu par une notification sur son smartphone et peut anticiper davantage les crises pour mieux y faire face. La sécurisation du malade est également repensée par le système. En effet, les mesures enregistrées peuvent être partagées avec l’entourage qui sera alerté en cas de difficultés.
Les nouveaux implants par imprimante
À la suite d’une sérieuse fracture, si la pose d’un implant osseux est nécessaire, c’est désormais à une imprimante 3D que nos professionnels de santé pourraient avoir recours ! Des chercheurs de l’université de l’Illinois aux USA ont mis au point un modèle d’implant en matière élastique conçu par ce procédé.
Leur composition, qui comprend une part d’hydroxyapatite (que l’on retrouve dans les dents et les os) permet de les assimiler beaucoup plus facilement que les implants classiques. Le constat est renforcé par la capacité technique de l’impression 3D pouvant élaborer un implant identique à l’os fracturé.
Les évolutions technologiques bénéficient ainsi pleinement au domaine médical. Les professionnels pourront prochainement proposer à leurs patients une structure d’implant révolutionnaire. Moins coûteux que les implants traditionnels, plus faciles à commander et concevoir, ils se conservent plus longtemps. La conception par imprimante 3D permet, en plus, d’obtenir une forme d’implant intelligente. En effet, une fois ce dernier installé, il se décomposera au fur et à mesure pour laisser place à la reconstruction de l’os originel.
L’échographie en réalité virtuelle
Et si, demain, les médecins utilisaient la réalité virtuelle pour échographier le fœtus des femmes enceintes ?
Un prototype a été mis au point à l’occasion d’une étude menée sur 30 femmes enceintes au Brésil et a engendré des résultats très encourageants. En effet, le processus repose sur une compilation d’images obtenues par IRM et par ultrasons lors d’échographies traditionnelles.
L’ensemble des visualisations du fœtus a ensuite été intégré à une application de réalité virtuelle compatible avec le casque Oculus Rift (détenu par Facebook). Grâce au système, médecins et futurs parents ont alors accès à une modélisation en 3D qui délivre des images beaucoup plus nettes de l’enfant à naître.
Cette précision, rendue possible par les nouvelles technologies, représente un progrès décisif pour aider le corps médical à diagnostiquer les anomalies bien plus en amont.
En effet, la modélisation en 3D apporte une vue dégagée sur l’œsophage du fœtus avec un niveau de détail que ne permet pas le système actuel. Il est alors beaucoup plus facile d’observer des cas de malformation comme l’atrésie qui peut conduire à des étouffements ou des difficultés d’ingestion pour l’enfant à la naissance. Certains types de tumeurs pourraient également être décelés plus facilement.
Un cas de malformation a ainsi été diagnostiqué sur l’une des 30 femmes enceintes participant à l’étude et l’équipe médicale a pu mettre au point bien en amont l’organisation d’une chirurgie post-natale.
Si un développement à grande échelle de la technologie n’est pas encore prévu, la réalité virtuelle apporte l’exemple d’une nouvelle utilisation : celle de diagnostiquer et sauver des vies encore embryonnaires.