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Médias : quand la surinformation ouvre la voie à l’IA…

Submergés par les fake news et le flux d’actualité, les Français voient dans l’IA un moyen de trier, vérifier et mieux comprendre l’information.

Alors que les Français revendiquent plus que jamais leur droit à une information de qualité, ils peinent à s’y retrouver dans un flot continu de contenus souvent anxiogènes.

Une étude OpinionWay pour La Villa Numéris, menée début octobre 2025, révèle une ambivalence forte : la lassitude face à la surinformation cohabite avec une curiosité croissante envers les IA conversationnelles comme nouvelle source d’information…



Être bien informé, un droit et un devoir…

93% des Français en sont convaincus : être bien informé fait partie des droits du citoyen, mais pour 82 % d’entre eux, c’est aussi un devoir.

Plus le niveau d’études est élevé, plus ce sentiment de devoir s’affirme. Mais même parmi les publics les moins diplômés, cette idée d’un “civisme informationnel” demeure forte (77 %).

Résultat : l’actualité reste centrale dans la vie quotidienne.

94 % des Français la jugent importante, et 83 % en discutent régulièrement avec leurs proches.

Les réseaux sociaux, eux, jouent un rôle amplificateur, surtout chez les moins de 35 ans : 52 % y commentent l’actualité, contre seulement 17 % chez les plus de 50 ans.



Trop d’informations tue l’information

Si l’intérêt pour l’actualité reste intact, la manière de la consommer a profondément changé.

42 % des Français estiment s’informer moins qu’avant, signe d’une fatigue informationnelle qui s’installe.


Les causes ?

  • Une surcharge cognitive : 64 % se disent submergés par la quantité d’informations disponibles.
  • Une crise de confiance : 68 % ne savent plus à quelle source se fier.
  • Une dépression médiatique : 73 % trouvent l’actualité déprimante.
  • Une invasion des fake news : 88 % ont le sentiment que la désinformation progresse.


Paradoxalement, le numérique — souvent accusé d’avoir nourri cette saturation — est aussi perçu comme un facteur d’amélioration de la qualité de l’information.


79 % des Français estiment ainsi qu’avec Internet et les outils digitaux, « on est mieux informé qu’il y a 20 ans« . Les jeunes générations sont les plus enthousiastes sur ce point : 42 % des moins de 35 ans y voient un progrès net.



Les Français, chasseurs de sources

Face à la défiance, une stratégie collective s’impose : croiser les sources. 93 % des répondants considèrent que c’est la seule manière d’être bien informé.

Si les Français utilisent en moyenne 3,6 sources d’information différentes, la télévision reste incontournable : 58 % citent les JT comme source principale et 46 % regardent les chaînes d’info en continu.

Viennent ensuite la radio (39 %), la presse quotidienne (33 %), les magazines (17 %) et les médias purement digitaux (15 %).

Mais de nouvelles pratiques émergent : 41 % s’informent via des méta-sources (moteurs de recherche, agrégateurs d’actualité) et 33 % suivent des personnalités ou experts directement, que ce soit sur les médias, YouTube ou les podcasts.


L’information devient un écosystème éclaté, où le citoyen navigue comme un curateur en quête de cohérence.




L’IA conversationnelle, nouvelle frontière de l’information

Dans cet univers saturé, une nouvelle catégorie de source fait son entrée : l’intelligence artificielle conversationnelle.

En octobre 2025, 8 % des Français, soit plus de quatre millions de personnes, déclarent l’utiliser pour s’informer.

Ses adeptes sont jeunes (74 % ont moins de 35 ans), urbains, connectés — et surtout curieux de comprendre plutôt que de simplement consommer. La quasi-totalité de ces early adopters utilisent d’ailleurs déjà l’IA dans d’autres contextes (travail, loisirs, études).

Ces utilisateurs ressentent paradoxalement plus fortement que la moyenne la submersion informationnelle, mais voient dans l’IA une solution de tri et de vérification.


Vérifier plutôt que savoir

Les IA conversationnelles ne sont pas perçues comme des médias “chauds”. Elles ne servent pas à “suivre les dernières actualités”, domaine encore réservé aux chaînes d’info et aux grands médias audiovisuels.

Elles excellent par contre sur un autre terrain : la vérification et la recherche d’informations complémentaires. Sur ce point, elles surpassent toutes les autres sources.


Les utilisateurs les jugent particulièrement performantes pour comprendre un sujet, clarifier un fait ou enrichir une opinion.

Elles deviennent des outils d’analyse, non de diffusion


“Les IA ne donnent pas l’info. Elles aident à la digérer.”


Ainsi, 57 % des utilisateurs les consultent quotidiennement, et 26 % plusieurs fois par jour. Pour beaucoup, l’IA conversationnelle devient un réflexe intellectuel autant qu’un outil pratique.



Une expérience mobile et personnalisée

Le smartphone est l’interface dominante (65 %), devant l’ordinateur (52 %). Cette mobilité correspond à la promesse du conversationnel : une interaction fluide, vocale, contextuelle.


Les utilisateurs apprécient aussi les fonctions intégrées :

  • résumés automatiques (plus d’un tiers),
  • accès à l’historique des questions,
  • traduction instantanée (28 %),
  • création d’images ou de contenus partageables (31 %).


Les liens-sources fournis par les IA jouent un rôle clé dans la confiance :

  • 45 % disent qu’ils renforcent leur crédibilité,
  • 27 % jugent qu’ils n’ont pas d’effet,
  • 28 % pensent au contraire qu’ils suscitent le doute.

Une ambivalence typique d’une technologie encore jeune — à la fois fascinante et inquiétante.



Confiance, satisfaction et apprentissage

Malgré cette prudence, le niveau de satisfaction est élevé : 85 % des utilisateurs sont satisfaits, dont 26 % très satisfaits.

Quand la réponse ne les convainc pas, la majorité reformule (45 %), d’autres se contentent du premier résultat (35 %) ou testent un autre outil (12 %). Seuls 6 % abandonnent.

Ce pragmatisme montre une chose : les utilisateurs apprennent en même temps que la technologie progresse.

53 % estiment que les outils doivent encore s’améliorer ; 47 % se disent eux-mêmes “encore novices”. Une forme d’apprentissage collectif est donc en marche.



Vers une “écologie cognitive” ?

La conclusion de l’étude est limpide : les Français veulent continuer à s’informer, mais autrement.

Ils sont conscients d’être saturés, méfiants et parfois impuissants face au flux continu d’actualité mais ils cherchent des solutions : croiser les sources, dialoguer avec les outils, réintroduire du sens dans le flux…


L’avenir de l’information ne sera peut-être pas un nouveau média. Il sera une conversation...


Cette étude esquisse un mouvement de fond : l’information cesse d’être un flux subi pour redevenir un espace de dialogue.

Les IA conversationnelles, loin de remplacer les journalistes, pourraient devenir des médiateurs de complexité, capables d’aider à digérer le trop-plein et à reformuler le monde.

Reste à savoir si cette promesse d’une écologie cognitive résistera au choc de la désinformation algorithmique