L’édition 2025 du Trust Barometer d’Edelman révèle un niveau sans précédent de défiance envers les institutions, les entreprises et les leaders économiques alimenté par un ressentiment profond des citoyens.
7 français sur 10 pensent que les gouvernants trompent délibérément le public, tandis que la méfiance envers les journalistes atteint 73% et celle envers les dirigeants d’entreprise 67%.
Ce ressentiment croissant de la société ne se limite plus à un scepticisme passif : 35% des Français estiment que le recours à la violence est désormais légitime pour accélérer le changement, signe d’une rupture consommée entre les citoyens et les institutions.
Cette perte de confiance structurelle engendre des attentes fortes de la part de citoyens qui plébiscitent les actions concrètes et mesurables, au détriment des engagements.
Une perception d’injustice économique croissante
La perception d’injustice économique alimente le ressentiment et creuse davantage le fossé entre les citoyens et les institutions.
69% des Français pensent que les institutions servent uniquement les élites, illustrant un sentiment d’exclusion du débat public et des décisions économiques majeures.
Ce sentiment est renforcé par l’idée que les plus riches ne paient pas leur juste part d’impôts (70%), une frustration qui alimente un climat de défiance généralisé et un fort rejet du système actuel.
« Ce ressentiment s’exprime à travers une frustration croissante face à des politiques économiques perçues comme profitant à une minorité, sans améliorer significativement les conditions de vie du plus grand nombre.
Anne-Cécile Thomann, Co-CEO d’Edelman France
Le sentiment d’abandon des classes moyennes et populaires accentue la méfiance envers les dirigeants politiques et économiques.
Dans ce contexte, les revendications pour une fiscalité plus juste et une redistribution des ressources s’intensifient.
Le rôle des entreprises pour agir sur le pouvoir d’achat ou encore le climat est plus que jamais scruté, et les citoyens attendent d’elles des actions concrètes en matière de responsabilité sociétale. »
Les entreprises, dernier rempart de la confiance ?
56% des français ont confiance dans les entreprises soit un score bien plus élevé que les institutions (37%) et les médias (45%). Et préserver ce capital confiance passe par des actions concrètes.
49% des employés français redoutent l’automatisation des emplois et le manque de formation pour y faire face, un phénomène qui accentue la méfiance envers les élites économiques et technologiques.
« Nous ne sommes plus seulement face à une méfiance passive, mais à une véritable défiance active. 70% des Français pensent que les gouvernants les trompent délibérément, et ce chiffre a progressé de 15 points en seulement quatre ans.
Pierre Chandon, professeur à INSEAD et membre du Trust Institute d’Edelman
Il y a un fossé grandissant entre ceux qui ont confiance dans le système et ceux qui le rejettent totalement.
Ce baromètre met en évidence l’urgence pour les entreprises de sortir de leur bulle, d’être à l’écoute des réalités sociales et de prendre des mesures concrètes pour restaurer la confiance collective. »
Un pessimisme record et les effets d’une fragmentation de l’information croissante
La France est le pays le plus pessimiste quant à l’avenir : seuls 9% des Français pensent que la prochaine génération vivra mieux qu’eux, contre 30% aux États-Unis et 69% en Chine. Un record mondial d’inquiétude.
L’érosion de la confiance touche également les journalistes, avec une hausse de la méfiance de +16 points depuis 2021.
L’ultra-fragmentation des sources d’accès aux médias et la montée des algorithmes qui enferment les individus dans des bulles informationnelles, renforçant ainsi la polarisation sociale.
Les institutions face au défi du ressentiment
Si les entreprises demeurent les organisations en qui les français ont le plus confiance, ils adressent des messages clairs à chaque typologie d’organisation pour leur accorder leur confiance :
- Les ONG génèrent le plus de confiance parmi ceux qui ont un fort ressentiment.
- Le gouvernement doit prouver sa compétence en obtenant des résultats concrets.
- Les médias doivent renforcer la qualité de l’information plutôt que céder à la course aux clics.
Enfin, les individus accordent davantage leur confiance à des figures de proximité, plutôt qu’aux institutions nationales. Un défi de taille pour les grandes organisations.
« Les entreprises sont confrontées à un retour de flamme de ceux qui s’opposent à leur rôle de moteur du changement sociétal.
Richard Edelman, PDG d’Edelman
Pour sortir d’une société fondée sur le ressentiment, il faudra un effort concerté de la part de chacune des organisations étudiées (Institutions, Entreprises, Média, ONG) pour adresser des enjeux structurants que sont l’intégrité de l’information, les inégalités économiques, le développement durable et l’avenir de l’intelligence artificielle. »
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