Alors que Google a fait appel le 1er septembre de l’amende 500 millions d’euros infligée, en juillet en France, par l’Autorité de la concurrence dans le dossier des droits voisins, la presse française et Google s’affrontent depuis plus de deux ans.
Si dans une partie de bras de fer chacun montre ses muscles, quel est l’état des lieux de ce rapport de force ?
La réponse à cette question dans l’étude ci- dessous basée sur le Search Dependence Index® by Heroiks qui évalue la dépendance aux moteurs de recherche des principaux sites internet médias…
Presse et médias : une Google dépendance encore très importante…
Sur une sélection de 37 marques représentatives des principaux segments de médias (presse, radio & télévision), l’index SDI moyen en septembre 2021 s’élève à 41.3, soit – 0,2 point Vs 2020.
On note ainsi une plus grande dépendance de nos sites d’actualité aux moteurs de recherches, dont Google, avec un SDI moyen à +7,3 points de notre index de référence (34) établi sur la base du TOP100 des sites français.
L’approche généraliste de l’actualité favorise sans doute une lecture transversale des internautes, convergeant alors prioritairement via des moteurs de recherche et favorisant ainsi un indice SDI relativement élevé.
Bien qu’il existe des exceptions, la notoriété des marques, composante clef pour s’émanciper des indexeurs, semble avoir un moindre effet dans cet univers média.
En parallèle, on observe une résonance issue des réseaux sociaux avec une contribution deux à trois fois supérieure à la normale.
Les marques de presse ont ainsi pris le virage du Social Media et occupent le terrain dans les flux media de divertissement.
Le principal canal de productions de contenus sur ces plateformes reste en effet l’actualité bien souvent issue de supports de presse tels que ceux sélectionnés dans le cadre de cette étude.
Dans le détail, après s’être appuyés sur Google comme rampe de lancement, les pureplayers poursuivent leur émancipation tandis qu’à l’inverse, radios généralistes d’information et télévision d’infos en continu poursuivent leur grand plongeon et peinent à résister aux moteurs de recherche.
PQN : L’équipe toujours loin devant
L’indice moyen de la presse quotidienne nationale s’élève à 36,52 en 2021 vs 37,52 en 2019.
Il dépasse ainsi la moyenne de 34 des 100 premiers sites français sans pour autant atteindre des niveaux records comme on peut l’observer avec les sites web des newsmags ou encore des chaînes d’information en continu.
On peut noter une forte sensibilité des titres de PQN aux recherches avec des mots clés génériques liés à l’actualité.
De son côté, L’Equipe, leader sur un segment dédié profite d’une forte notoriété et de la prime au leader sur le segment informations sportives.
En parallèle, Présent monte cette année sur la seconde marche du podium et Le Monde sur la troisième.
En fin de peloton, le Figaro et le Parisien restent sur des notes élevées, en légère dégradation pour le dernier cité contrairement à l’Humanité qui progresse à marche forcée.
Presse magazine : une dépendance en légère régression sur un an mais en hausse sur deux années
L’indice moyen de la sélection de titres sur la presse magazine d’information s’élève à 43,71 alors qu’il était de 45,22 l’an dernier et 42 en 2019.
Il s’agit d’un index SDI moyen élevé pour cette classe de titres.
Notons cependant qu’une terminologie générique pour l’accès aux faits d’actualités pénalise l’accès nominatif (notoriété ou segment étroit) aux titres de presse.
Cette année, Valeurs Actuelles prend la tête avec une forte progression comparée à son score de 2020.
Marianne prend la 2nde place (28,38) devant le Courrier International (29,47) dont la dépendance aux moteurs de recherche s’accroît depuis deux ans.
Pour autant, le Courrier International bénéficie d’un positionnement très spécifique et sur une verticale éditoriale forte lui permettant de tirer son épingle du jeu, ce qui n’est pas le cas de VSD, Paris Match, ou L’Express, beaucoup plus généralistes.
Pure players : la poursuite de la prise d’autonomie
L’indice moyen de la sélection de la presse d’information pureplayer s’établit à 31,19 soit un score en progression chaque année alors qu’il s’établissait à 37,34 en 2019. Il est donc inférieur au SDI moyen.
On observe un progrès spectaculaire d’Atlantico qui gagne plus de 15 points, optimisant son index de 47% pour afficher un score de 22,13.
Mediapart, déjà bien installé dès 2019, poursuit sa quête d’indépendance avec un index SDI de 14,23, soit une optimisation de 20%.
En revanche, situation plus contrastée pour le HuffPost qui dégrade son index SDI de 12%.
Mais d’une manière générale, le SDI de cette classe de titres de presse s’affiche en net retrait face aux acteurs historiques.
Radios généralistes d’information : une dépendance accrue
L’indice moyen de la sélection des radios généralistes d’information s’élève à 41,49 contre 34,83 en octobre 2019. Il est donc supérieur au SDI moyen et s’accroît chaque année.
Toute comme en PQN, l’accès à l’actualité généraliste s’opère principalement par la saisie de mots clés génériques liés à cette actualité, ce qui induit sans doute des score SDI plus élevés.
Radio Classique et le positionnement d’Inter échappent à la règle avec un SDI contenu.
TV d’information continue : une forte dépendance au search
L’indice moyen de la sélection de sites internet de TV d’information en continu s’élève à 51,32 contre 45,5 en 2020.
Il s’agit du plus élevé de l’ensemble des catégories de marques de presse étudiées.
Même les leaders revendiqués en audience n’arrivent pas à faire sans une contribution de Google.
CNews, 1er l’an dernier conserve la tête de ce classement en 2021 malgré une dépendance accrue depuis 2020.
Méthodologie
Basé sur une analyse représentative des flux web entrants d’un site web, le Search Dependence Index® by Heroiks évalue la dépendance aux moteurs de recherche. Plus l’indice est élevé, plus le site internet est dépendant au Search et par là même à Google.
L’indice S.D.I évalue la contribution du trafic issu des canaux « search » (tous moteurs) en distinguant les leviers SEO / SEA. Les mesures tiennent également compte du facteur notoriété des marques influençant la nature des requêtes (marque/hors marque) et par conséquentla dépendance aux moteurs de recherche dans l’audience globale.
L’évolution de l’indice dans le temps doit révéler la capacité d’une marque à se détacher progressivement de Google pour sécuriser son trafic.
Les chiffres utilisés par la matrice Search Dependence Index® s’appuient principalement sur des données produites par SimilarWeb.
Cette étude se base sur les scores d’une sélection de titres de presse, télévision et radio en septembre 2021. Pour établir des comparaisons, le SDI de référence (Index établi à partir du TOP 100 sites français en termes de trafic, base MNR//Médiamétrie) s’élève à 34 à la même date.