Complexité technique, manque de compétence, collecte des données, moyens financiers ; les dirigeants des entreprises françaises avancent de nombreux freins qui nuisent au déploiement de projets de Big Data. Seul 14% d’entre eux prévoient d’y investir.
Une étude Axys Consultants/ OpinionWay sur « Les entreprises et le Big Data » met en lumière le paradoxe entre l’enjeu majeur que représente le « Big Data » pour les entreprises et le faible degré de maturité de la majorité d’entre elles sur cette technologie, voire leur frilosité sur le sujet.
Paradoxe ou malentendu ?
Les dirigeants interrogés sont une grande majorité à juger que le niveau de maturité de leur entreprise dans l’exploitation des données est élevé (77%). Pourtant, l’utilisation du Big Data reste marginale (moins d’une entreprise sur 5), et peu de dirigeants (25% seulement) sont capables de donner une définition précise de cette technologie.
Un faible niveau de maturité
Le Big Data est avant tout synonyme de traitement d’une quantité de données très importante (64% des réponses), mais c’est une technologie qui reste encore floue. Après définition précise, 68% des répondants jugent que les entreprises de leur secteur sont en retard dans le domaine du Big Data.
Des bénéfices réels
Selon les dirigeants des entreprises qui ont mis en place cette technologie, le Big Data génère des bénéfices indéniables – une meilleure rentabilité (78%), une aide à la prise de décision (78%), une meilleure réponse aux attentes du marché (78%), qui ne sont pas contrecarrés par les freins constatés – la complexité des infrastructures / matériels / logiciels (50%), l’absence de compétences internes (42%).
Quelles perspectives ?
Au final, seuls 14% des dirigeants d’entreprises indiquent prévoir des investissements dans la technologie Big Data à court ou moyen terme. Et les entreprises qui n’ont pas encore investi dans le domaine ont encore moins l’intention de le faire dans le futur que celles qui l’ont déjà fait !
LE REGARD DE MARC SAILLY, PDG D’AXYS CONSULTANTS, SOCIETE DE CONSEIL EN MANAGEMENT
Le Big Data reste encore aujourd’hui une affaire de grandes entreprises
Pour bien appréhender les résultats de ce sondage, et en tirer les enseignements qui s’imposent, il est nécessaire d’avoir en mémoire que cette étude constitue une photographie représentative de toutes les entreprises françaises de 50 salariés et plus (hors secteur public). On le voit bien, le Big Data concerne avant tout, pour le moment, les grandes entreprises. Plus la taille des entreprises augmente, plus les acteurs de l’entreprise sont matures sur le sujet ; les entreprises interrogées sont elles-mêmes 75% à penser que le Big Data concerne les grandes entreprises. Notre conviction est toutefois que les opportunités ne sont pas proportionnelles à la taille de l’entreprise et que d’une certaine façon le numérique « démocratise » l’accès aux données, même si les investissements pour collecter et traiter celles-ci en masse sont encore importants.
Le Big Data est une notion porteuse d’opportunités réelles mais encore peu concrètes à ce stade. Les entreprises en sont d’ailleurs conscientes. Elles font la distinction entre leur maturité (qu’elles estiment élevée pour 77% d’entre elles) sur la gestion et l’exploitation des données de l’entreprise selon les approches et technologies classiques, dites décisionnelles, et leur maîtrise des sujets Big Data, pour lesquels le flou est de rigueur (pour 86% d’entre elles).
Peu d’entreprises ont franchi le pas, malgré des bénéfices tangibles
Seules 18% des entreprises interrogées utilisent aujourd’hui la technologie du Big Data. Avec deux domaines d’application privilégiés, tournés l’un vers l’interne, l’autre vers l’externe : d’une part l’amélioration et l’efficacité des procédures internes (83% des réponses) ; d’autre part la connaissance client (78% des réponses).
L’innovation est, de façon surprenante, assez peu citée comme étant un domaine d’application du Big Data, alors que les exemples foisonnent d’entreprises ayant pu innover sur leur offre, les services aux clients ou l’évolution de leur business model grâce à l’exploitation des données issues du Big Data. Là encore, on constate un réel manque de maturité sur les possibilités offertes par les nouveaux traitements de la donnée…
Ce que nous constatons par ailleurs, et que confirme le sondage, c’est qu’il y a peu de déçus du Big Data. Ceux qui « vivent » effectivement le Big Data enregistrent des bénéfices, aux premiers rangs desquels une meilleure rentabilité, une meilleure connaissance du marché et une meilleure réponse aux attentes du marché.
84% des entreprises n’envisagent pas d’investir à court ou moyen terme sur le Big Data !
En terme de contrainte ou de frein à la mise en œuvre du Big Data, l’absence de compétence interne est citée par près d’une entreprise sur deux l’utilisant, sachant que 82% d’entre elles n’ont réalisé aucun recrutement de profil spécialisé pour accompagner ces projets. Il faut savoir trouver un bon équilibre entre l’appel à des ressources externes spécialisées qui permettent d’être rapidement dans
l’expérimentation et la recherche de résultats tangibles et le renforcement interne, afin d’ancrer ces
solutions en tant que levier pérenne de performance et d’innovation.
Le sondage fait de plus apparaître clairement qu’un gros travail de sensibilisation et de pédagogie reste à effectuer. Il faut travailler sur les cas d’usage, les bénéfices tirés de l’explosion de la Data et donner les clés pour que les entreprises de tous secteurs et de toutes tailles puissent se lancer.
Enfin, un dernier paradoxe est mis en avant par le sondage. Si en tant que chef d’entreprise, les personnes interrogées valident le potentiel que recouvre la donnée, elles sont en tant qu’individu beaucoup plus réservées sur l’utilisation qui peut être faite de leurs données personnelles (à 89% elles s’opposent à leur utilisation par les entreprises pour leur proposer de nouveaux services).
Méthodologie de l’étude
Echantillon : Étude réalisée auprès d’un échantillon de 500 dirigeants et managers d’entreprises, membres du comité de direction, représentatif des entreprises françaises de 50 salariés et plus hors secteur public. La représentativité de l’échantillon est assurée par un redressement sur les critères de taille d’entreprise et de secteur d’activité, après stratification par région de résidence.