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IA et journalisme : entre adoption prudente et inquiétudes éthiques

Une enquête menée auprès des journalistes revient sur l’adoption de l’intelligence artificielle dans les rédactions…



Si l’IA promet de révolutionner de nombreux secteurs, son adoption dans le journalisme reste limitée et entourée de nombreuses réticences.

L’étude menée en septembre 2024 par l’agence Oxygen auprès de 1 500 journalistes français montre qu’une majorité hésite à intégrer pleinement l’IA dans ses pratiques et que les rédactions peinent à encadrer cette nouvelle technologie.

« Nous avons voulu comprendre comment l’IA, qui bouleverse déjà de nombreuses industries, impacte le quotidien des journalistes. Il est important de saisir leurs réticences, leurs inquiétudes, mais aussi les opportunités qu’ils entrevoient pour l’avenir de leur profession. »

explique Alexis Noal, responsable de l’étude chez Oxygen.




Des journalistes majoritairement prudents vis-à-vis de l’IA

D’après les résultats de l’étude, 51,85 % des journalistes déclarent ne pas utiliser l’IA pour rédiger leurs articles.

Parmi ceux qui l’utilisent, la majorité (35,8 %) l’emploie de manière marginale (dans moins de 25 % de leurs productions).

Ce chiffre révèle une adoption encore timide de ces technologies dans une profession où l’expertise humaine reste cruciale.

L’étude montre également que quand elle est utilisée, l’IA l’est principalement dans des domaines spécifiques : 18,52 % des journalistes l’utilisent pour l’analyse de données volumineuses, tandis que 17,28 % s’en servent pour la recherche et la vérification des faits.

Cependant, l’usage pour la rédaction automatique reste marginal, avec seulement 11,11 % des journalistes concernés.

Cette adoption limitée s’explique en partie par les craintes éthiques.

61,73 % des journalistes estiment que l’IA pourrait nuire à l’éthique journalistique, et 43,21 % déclarent avoir déjà rencontré des problèmes de fiabilité des informations générées par ces outils.

« Cette prudence des journalistes face à l’IA témoigne de la complexité de son intégration dans un métier où la créativité, l’éthique et la rigueur sont essentielles. L’étude montre ainsi que, bien que certains usages de l’IA se développent, beaucoup de journalistes restent sceptiques quant à son potentiel à remplacer des tâches journalistiques clés. »

commente Alexis Noal



Un manque de directives au sein des rédactions qui interroge

Un point particulièrement frappant révélé par l’étude est l’absence de politiques claires autour de l’utilisation de l’IA dans les rédactions.

64,2 % des journalistes affirment que leur rédaction n’a mis en place aucune directive concernant l’usage de ces outils, et seulement 8,64 % travaillent dans des rédactions ayant établi des politiques formelles.

Les journalistes interrogés soulignent le besoin de mettre en place des garde-fous pour garantir une utilisation éthique de l’IA.

Parmi les propositions, 43,21 % des répondants plaident pour un contrôle humain systématique des contenus générés par l’IA, tandis que 40,74 % insistent sur l’importance de former les journalistes aux limites et biais potentiels de ces outils.

« Le fait que si peu de rédactions aient pris l’initiative de créer des garde-fous autour de l’IA est préoccupant. En l’absence de lignes directrices, chaque journaliste est laissé à lui-même pour évaluer l’éthique et l’utilisation de ces outils, ce qui peut entraîner des dérives ».

remarque Alexis Noal


Enfin, lorsqu’on leur demande de prédire l’impact de l’IA sur leur métier dans les cinq prochaines années, 46,91 % des journalistes estiment que l’IA entraînera une transformation modérée de la profession, tandis que 16,05 % s’attendent à une transformation radicale.

Cependant, les craintes restent présentes, avec 50,62 % des répondants craignant que certaines fonctions journalistiques essentielles ne soient un jour automatisées.

« L’IA a un potentiel énorme pour aider les journalistes à accomplir certaines tâches plus rapidement, mais elle ne remplacera jamais la sensibilité humaine.

Ce qui manque actuellement, c’est une réflexion collective et des directives claires pour encadrer son usage, afin d’éviter des dérives éthiques et d’assurer une information de qualité. »

conclut Alexis Noal







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