Alors que le métavers est sans conteste le grand buzzword de ce début d’année depuis les annonces de Meta (ex-Facebook) sur le sujet, une étude menée par l’Ifop vient rappeler que ce concept reste encore bien nébuleux pour nombre de Français…
Les métavers, un univers méconnu
Cette nouvelle technologie de plus en plus vogue reste en effet peu identifiée par le grand public.
Ce sont ainsi seulement 35% des Français qui déclarent voir de quoi il s’agit, dont 14% « précisément ».
Si ce résultat dépeint le métavers comme un univers encore de niche, il donne également à voir un écart générationnel et social.
Les plus jeunes montrent ainsi une meilleure connaissance du sujet (42% des 18-24 ans voient ce que sont les métavers, contre 28% des 65 ans et plus), tout comme les catégories socio-professionnelles supérieures (59% des diplômés du supérieur contre 27% des personnes sans diplômes).
Ces deux fractures, générationnelle et sociale, se manifestent d’ailleurs également dans les représentations associées aux métavers et dans les potentiels usages.
Dans le détail, les usages perçus des métavers restent principalement centrés autour du divertissement, les Français ne percevant pas encore la diversité des débouchés proposées par les métavers. De plus, 21% les jugent inutiles, troisième item cité.
Enseignement surprenant de cette étude, seuls 5% des Français associent les métavers à un moyen de contourner les restrictions sanitaires malgré les tentatives relayées d’organisations de concert, par exemple, quand les salles étaient fermées.
Entre peur et scepticisme…
Les métavers suscitent la crainte d’une nette majorité de Français (75%), même au sein des catégories de population les plus en pointe sur le sujet (49% des 18-24 ans sont craintifs).
Toutefois, à noter un lien entre le niveau de connaissance des métavers et le degré de crainte à leur égard : moins les personnes voient de quoi il s’agit, plus elles sont inquiètes.
Cette réticence aux métavers entraine chez les plus craintifs une attente d’intervention des Etats pour s’assurer que le monde virtuel respecte les mêmes règles que le monde réel (50% des personnes ayant des craintes vis-à-vis des métavers sont favorables à une législation, contre 39% de ceux qui n’ont pas de crainte).
Des doutes sur l’empreinte carbone
Les Français semblent avoir conscience des limites de la virtualisation de nos activités : huit sur dix estiment qu’un monde virtuel ne permettrait pas de réduire les émissions de carbone du monde réel.
Toutefois, les moins de 35 ans sont plus nombreux à penser le contraire (31% pensent que le monde virtuel réduit les émissions de carbone contre 17% des 35 ans et plus).
Bien que les jeunes soient tendanciellement plus sensibles à la cause environnementale, ils apparaissent ici moins renseignés sur l’impact du numérique, laissant peut- être se dessiner une « tension » entre deux de leurs centres d’intérêt : le numérique et l’environnement.
Des Français qui se projettent peu dans un monde virtuel
Les métavers semblent à ce jour attirer peu de Français : moins d’un sur dix (8%) envisage de créer son double numérique. Et dans le détail, une nette minorité de Français se dit prête à investir de son argent dans des biens et services numériques.
Un monde virtuel cantonné au divertissement
Le divertissement apparait à plusieurs reprises dans ce sondage comme l’axe fort des métavers.
C’est non seulement le premier usage perçu (60% de citations), mais aussi la première attente des potentiels utilisateurs.
En effet, le divertissement apparait comme le premier service numérique pour lequel les Français se disent prêts à payer.
Les acteurs attendus en priorité dans les métavers sont les musées, les théâtres et les organisateurs de concert devant les administrations publiques et les entreprises privées.
Facebook ne parvient pas à s’implanter comme référant des métavers dans l’opinion française
Seulement 15% des Français sont favorables à ce que leur compte Facebook soit associé à des profiles numériques dans les métavers.
De plus, moins d’un Français sur trois (26%) déclare avoir confiance en l’entreprise pour créer et gérer un métavers.
Et lorsque cette dernière est mise en concurrence avec d’autres acteurs sur le plan de la protection des données, le groupe se classe en dernière position, son image étant surement encore impactée par les divers scandales de fuite de données d’utilisateurs du réseau social, dont celui Cambridge Analytica en 2014.
Ainsi, 17% des Français font confiance à Facebook pour la gestion de leurs données personnelles dans les métavers, loin derrière les acteurs plus traditionnels comme les banques (38%) ou les institutions publiques (25%).
Pour l’instant, le tournant de Facebook vers les métavers, illustré notamment par le changement de nom du groupe, ne semble pas porteur dans l’opinion publique Française.
Outre le déficit de confiance à l’égard des réseaux sociaux, le manque d’entrainement du grand public peut s’expliquer notamment par son éloignement de l’univers des métavers.
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 022 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 4 au 5 janvier 2022.