Plus que jamais, le clivage linguistique entre les générations se fait sentir, d’autant plus sur les réseaux sociaux, comme TikTok où la GenZ crée des nouvelles expressions presque chaque mois. En témoigne, la popularisation de “Quoicoubeh” ces dernières semaines, dans les écoles principalement.
Chaque génération a sa propre façon d’influencer le langage et de créer un argot que seuls ses homologues peuvent comprendre, ainsi cela suggère que la façon dont on parle, avec des points de référence et sources culturelles divergentes, en dit long sur l’identité des locuteurs.
“La langue est un système de communication complexe qui peut parfois nous donner le sentiment d’être étrangers les uns aux autres lorsqu’elle est mal comprise.
explique Malcolm Massey, professeur de français chez Babbel Live.
L’argot évolue beaucoup plus rapidement que le langage soutenu, c’est pourquoi il est difficile de le suivre.
S’il peut sembler difficile au premier abord de s’identifier aux expressions cryptiques des jeunes, prendre le temps de comprendre ce qu’ils signifient peut non seulement favoriser la compréhension mutuelle, mais aussi donner un aperçu considérable de la culture dans laquelle nous nous immergeons.
En effet, nos expressions peuvent être des indicateurs amusants de notre position dans l’histoire du temps.”
12 expressions de la Génération Z décryptées
Babbel se penche ici sur les expressions uniques de la Génération Z et propose un glossaire pour faciliter la compréhension mutuelle intergénérationnelle.
#1 – Aesthetic : ceci est un ensemble de principes concernant l’appréciation de la beauté et d’une ambiance spécifique.
La construction de l’identité est au cœur de la culture des jeunes et les aesthetics sont un moyen pour eux d’exprimer leur solidarité avec des sous-cultures particulières.
Parmi les plus populaires sont le cottagecore, une aesthetic célébrant une vie rurale idéalisée, ou bien la fin des années 90 (aussi appelé en anglais Y2K pour parler des années 2000) avec un style distinctif qui mélange la culture pop et les avancées technologiques du millénaire.
#2 – Être cringe : le cringe est le sentiment d’embarras secondaire pour quelque chose que quelqu’un d’autre affiche, fait ou dit.
Cette expression revient à dire que quelque chose est malaisant ou bien gênant. Si l’on pense à la façon dont le corps tressaille ou se courbe involontairement dans ces situations, il n’est pas surprenant d’apprendre que le mot cringe remonte au mot anglais ancien cringan, qui signifie tomber (dans la bataille) ou se courber.
#3 – Red Flag (Drapeau rouge) : principalement représenté par l’emoji triangulaire du drapeau rouge et utilisé dans le contexte des rencontres et des relations, le drapeau rouge fait référence à un signe indiquant qu’une personne sera (ou est) un mauvais partenaire ou un partenaire problématique.
Plus généralement, il s’agit d’un signe avant-coureur de ce qui va se passer.
Datant du 17e siècle, le drapeau rouge était utilisé pour indiquer qu’une armée était prête pour la bataille et a depuis été utilisé comme signe d’avertissement pour signaler un danger.
#4 – Un banger : à ne pas confondre avec son homographe anglais qui réfère aux saucisses, un banger est aussi une musique incroyable qui fait danser.
Le terme banger viendrait du terme anglais headbanger des années 70, qui signifie balancer la tête d’avant en arrière en suivant la cadence de la musique, le plus souvent en écoutant du metal ou du rock.
De plus, le terme d’argot britannique banging désigne aussi tout ce qui est considéré comme excellent.
#5 – C’est gucci : à l’origine, cette expression était utilisée pour complimenter les vêtements ou le style de quelqu’un et provenait de la célèbre maison de couture Gucci.
Depuis, c’est devenu un terme d’argot positif qui décrit tout ce qui est génial, excellent ou simplement que tout roule.
#6 – Cop :il s’agit d’un terme plus fréquemment utilisé dans le domaine de la mode, notamment des baskets, et qui signifie acheter ou mettre la main dessus. « J’ai cop une paire » signifie que l’on a réussi à acheter une paire de baskets spécifiques.
On l’entend souvent associé à l’expression « cop ou drop » pour décider d’acheter quelque chose ou d’y renoncer.
#7 – Le G.O.A.T : l’acronyme GOAT désigne en anglais the Greatest of All Time, qui se traduit par “le plus grand de tous les temps”.
Initialement utilisé pour faire l’éloge d’athlètes exceptionnels, il a depuis élargi son sens à toute personne considérée comme fantastique dans un domaine.
Sur les réseaux sociaux, le terme peut également être remplacé par l’emoji chèvre.
#8 – Yassifier : provenant du terme yas, créé dans les années 1980 par des personnes de couleur queer pour exprimer leur excitation ou leur joie, yassifier est le fait de rendre quelque chose nettement meilleur que sa version d’origine.
D’autres termes similaires sont les makeovers ou les glow up, c’est-à-dire un relooking.
#9 – Quoicoubeh : ce mot est un véritable mystère pour les générations plus vieilles, car il a été inventé de toutes pièces.
En somme, le mot quoicoubeh est une réplique que l’on lance à quelqu’un dans le but de lui faire répondre « quoi » ?
Certains se souviendront peut-être de son ancienne variante, où l’on essayait de faire dire « quoi » à quelqu’un pour pouvoir lui renvoyer le mot « feur » (coiffeur).
#10 – Être sus :il s’agit ici d’une abréviation de l’expression être suspect, c’est-à-dire lorsque l’on pense que quelque chose parait louche.
Le mot sus a été popularisé par le jeu mobile multijoueur coopératif Among Us, dans lequel les joueurs doivent découvrir qui est l’imposteur.
Les joueurs appellent les suspects potentiels dans la boîte de dialogue avec des messages tels que « sus rouge » ou « sus rose« .
#11 – Faire le zombie : inspiré par le terme ghosting, qui désigne le fait qu’une personne à qui vous parliez ou que vous voyiez de manière romantique cesse soudainement de vous répondre, faire le zombie désigne le fait qu’une personne qui vous a précédemment ghosté vous contacte après une longue période de silence, tel un zombie qui sort de sa tombe.
#12 – Sheesh : alors que les milléniaux utilisaient le mot sheesh pour exprimer leur désapprobation, le mot a complètement changé de sens et est désormais utilisé par la génération Z pour exprimer la surprise ou l’enthousiasme, le plus souvent pour encourager quelqu’un fait quelque chose de bien ou porte une tenue avec du style.
Pour aller encore plus loin, les professeurs certifiés de Babbel Live proposent un cours dédié à ce thème : “Boomers, Xers, et Millennials : Parler du fossé des générations”.