Par Arnaud Marquant, directeur des opérations KB Crawl
L’intelligence artificielle ou “IA” est aujourd’hui sur toutes les lèvres.
De toutes les questions stratégiques auxquelles la veille fait face, l’IA se démarque, tant ses apports ont une incidence sur la manière d’exercer cette expertise.
Mais le veilleur doit-il en avoir peur pour autant ? Les deux formes “d’intelligence”, artificielle et économique, font-elles bon ménage ? La première a-t-elle un effet sur la seconde ?
L’IA impacte chacune des étapes du cycle de veille
Dans un futur plus ou moins proche, il est admis que l’intelligence artificielle et ses technologies sous-jacentes apporteront une vraie valeur ajoutée à chaque niveau du cycle de la veille.
Et plus particulièrement dans les quatre missions journalières du veilleur et de l’analyste.
1. Collecte
· Identification de nouvelles sources : une exploration intelligente (Smart Crawling) des sources d’information permet à l’outil d’identifier des sources pertinentes qui ne sont jusqu’alors pas suivies.
En fonction de l’intérêt du sujet exploré et du périmètre préalablement défini de sa veille, l’IA aide le veilleur à élargir son spectre de recherche.
· Vérification de l’information et de sa qualité : une autre fonctionnalité consiste à filtrer la pertinence des informations recueillies en fonction de différents critères qui peuvent être pondérés.
L’outil pourra ainsi juger de la qualité des données par rapport à la construction du site de la source, de son niveau de référencement, des avis qui y sont laissés, du nombre d’articles publiés, etc.
2. Traitement
· Reconnaissance vocale (Speech-to-Text) : transformation, découpage et analyse automatique d’enregistrements audios en formats texte.
· Reconnaissance visuelle : conversion de fichiers image en formats texte avec détection d’éléments visuels (logo de marque, produit, personne, etc.).
3. Analyse
· Révélation de nouveaux éléments clés : un autre apport de l’IA repose sur l’identification active de signaux faibles. Un recueil et une contextualisation de ces informations permettent par exemple de détecter les nouvelles entreprises, personnes, technologies, etc., pouvant être citées.
· Synthèse automatisée de contenus : l’outil génère automatiquement un résumé de l’article en ne conservant que les idées les plus importantes.
· Analyse prédictive : l’IA, via une analyse prospective, permet aux décideurs d’identifier plus facilement les futures tendances de marché (ex. : consommation, innovations, évolutions réglementaires, etc.).
4. Diffusion
· Validation de l’information par apprentissage (Machine Learning) : l’outil apprend au fur et à mesure de son expérience. Il analyse les données dans le temps et anticipe les comportements en s’adaptant à l’utilisateur.
· Ciblage amélioré des contenus : l’étude approfondie des statistiques de consultations permet à l’IA de favoriser la diffusion des contenus les plus pertinents pour chaque lecteur.
Quel avenir pour l’homme face aux contributions de l’IA ?
C’est certainement la question qui revient le plus souvent lorsque l’intelligence artificielle est évoquée. Et ce quel que soit le domaine ou le métier abordé.
Cette problématique n’est pas nouvelle : depuis l’amélioration des procédés techniques et l’apparition des premières machines, l’homme a toujours craint pour son avenir. Une peur de ne plus se savoir utile sans doute ?
Alors qu’en est-il vraiment pour la veille ?
Tout d’abord, précisons que l’IA n’en est encore qu’à ses prémices en matière d’intelligence économique. Aujourd’hui, on parle davantage de Machine Learning ou de Deep Learning, qui ne sont finalement qu’une des formes de ce que pourrait être l’IA.
La véritable intelligence artificielle, c’est-à-dire celle qui serait parfaitement autonome et qui constituerait une entité à part entière, n’existe pas encore pour le moment.
Enfin, il ne s’agit pas de remplacer le veilleur. Le fruit de son expertise, son esprit critique, et l’intelligence humaine au sens large continuent d’apporter de la valeur à chaque stade du processus de veille.
En revanche, l’IA offre des méthodes et des outils qui viennent en appui du travail quotidien assuré par le veilleur.
Elle lui simplifie ses tâches journalières afin qu’il reste au cœur des actions de veille et lui garantisse une meilleure visibilité dans ses prises de décisions.
Face aux contributions de l’IA, « l’homme augmenté » a donc encore un bel avenir devant lui. Ne faudrait-il pas mieux parler d’intelligence augmentée que d’intelligence artificielle ?