Microsoft vient d’annoncer le rachat le plus important de son histoire : le leader du logiciel va ainsi débourser la bagatelle de 26,2 milliards de dollars pour acquérir le réseau social professionnel LinkedIn. Retour sur cette annonce qui vient de secouer la planète web…
La surprise est totale. Bien peu d’analystes avaient en effet vu venir ce rachat monumental…
Et pourtant, selon un communiqué publié par les deux entreprises ce lundi 13 Juin, le premier réseau social professionnel mondial va être racheté par le géant du logiciel.
Montant (astronomique) de l’opération : 26,2 milliards de dollars.
Parmi les conditions de ce rachat qui devrait être finalisé d’ici fin 2016, LinkedIn conserverait sa marque, son indépendance et son management.
Jeff Weiner, le CEO de LinkedIn, a commenté la nouvelle avec un certain enthousiasme (on le comprend) : « Aujourd’hui, c’est une nouveau départ pour LinkedIn. J’y vois une grande opportunité pour nos membres et nos clients et j’ai hâte de contribuer à cette nouvelle entreprise».
L’offre de Microsoft correspond à 196 dollars par action, soit un prix supérieur de 49 % à son cours lors de la clôture de la bourse vendredi dernier. A Wall Street, LinkedIn s’envole à l’ouverture lundi après-midi, tandis que Microsoft recule de 4 %.
Un profil LinkedIn vaut 60$
Cette valorisation fait du rachat de LinkedIn l’une des plus grosses acquisitions dans le monde de la tech, devant le rachat de la messagerie WhatsApp par Facebook en 2014 (19 milliards de dollars) et celui de Compaq par le fabricant HP en 2002 (18,6 milliards de dollars), mais toujours loin derrière le rachat d’EMC par Dell en octobre 2015, pour un montant de 67 milliards de dollars.
Ramené au coût par profil, le montant de cette offre d’achat peut paraître élevé: chaque profil LinkedIn est ainsi valorisé environ 60 dollars!
Une bonne opération pour Microsoft?
Il faut toutefois rappeler que Microsoft profite aussi de la baisse du cours de l’action LinkedIn, qui a chuté de 40 % depuis le début de l’année, sur fond de perspectives décevantes.
Le réseau social a beau connaître une forte croissance chaque année, ses résultats sont toujours dans le rouge. En 2015, son chiffre d’affaires a augmenté de 34,8 %, à 2,9 milliards de dollars, mais ses pertes ont été multipliées par plus de dix, plongeant à 164 millions de dollars.
Si le leader du logiciel investit autant, c’est surtout parce que l’absorption de LinkedIn présente de nombreux intérêts pour Microsoft.
Elle est tout d’abord un incroyable levier sur le marché de l’emploi, LinkedIn étant de loin le réseau social le plus populaire auprès des professionnels. Microsoft pourrait en tirer un avantage face aux GAFA en matière de recrutement. Bing, en particulier, pourrait bénéficier de ce rachat en devenant le moteur de recherche le plus pertinent pour les profils professionnels.
La division publicitaire de Microsoft sera également bien servie par ce rapprochement, grâce à la possibilité de se nourrir des données issues du réseau social (chose non négligeable à l’heure où la publicité se valorise de plus en plus par les datas).
« Socialiser » Office
Dans une lettre adressée à ses employés, le CEO de Microsoft évoque également une« occasion tout aussi importante pour Office 365 et Dynamics », le progiciel de gestion de l’entreprise.
« Au cours de la dernière décennie, nous avons fait passer Office [les logiciels bureautiques de Microsoft] d’une suite d’outils dédiés à la productivité à un ensemble de services disponibles dans le cloud et sur toutes les plates-formes. Nous pouvons réinventer les façons pour les professionnels d’être plus productifs »
« Cela rend possible de nouvelles expériences, comme un flux d’actualités LinkedIn qui vous enverra des articles qui correspondent à ce sur quoi vous travaillez ou encore, Office qui vous suggère de vous connecter à un expert pour vous aider en analysant la tâche que vous essayez de compléter ».
LinkedIn risque donc de se retrouver au cœur de l’expérience de productivité de Microsoft, qui entend bien ajouter du social là où les utilisateurs pourraient en avoir besoin.
