Ipsos Digital et Yousign ont interrogé plus de 4000 actifs en France, Espagne, Allemagne et Italie sur les enjeux de souveraineté numérique dans les entreprises européennes.
Dans un contexte où la maîtrise des données devient un impératif stratégique, l’étude révèle un paradoxe frappant : si 78 % des décideurs reconnaissent l’importance des solutions technologiques locales, seuls 32 % en font une priorité dans leurs décisions d’investissement…
Une dépendance aux Big tech encore bien ancrée
Perte de contrôle sur les données, exposition à des réglementations étrangères, menaces cybernétiques… La dépendance aux grandes plateformes extra-européennes inquiète de plus en plus : 46 % des répondants européens (43 % en France) se disent préoccupés par la dépendance aux plateformes comme Google, Microsoft ou Amazon.
Ces préoccupations sont particulièrement marquées en Italie (54 %) et en Espagne (51 %), où la souveraineté numérique est perçue comme un levier stratégique.
Ces résultats traduisent un besoin croissant d’indépendance technologique, même si les entreprises peinent encore à traduire cette prise de conscience en actions concrètes.
Éthique et transparence : les nouvelles exigences des entreprises
Face aux pratiques controversées de certaines grandes plateformes, 69 % des professionnels estiment que l’éthique des prestataires technologiques est un critère de sélection important.
Cette tendance est particulièrement marquée en Espagne, où les exigences en matière de gouvernance responsable sont les plus élevées, tandis que l’Allemagne affiche une position plus modérée sur cet enjeu.
Stockage des données : un enjeu sous-estimé par les entreprises
L’enjeu de la souveraineté numérique se joue également autour de la localisation des serveurs.
Si 58 % des professionnels européens considèrent la localisation des serveurs en Europe comme un critère important, seuls 23 % estiment qu’elle est primordiale dans leurs décisions d’achat.
Cet écart démontre que, bien que la souveraineté des infrastructures cloud soit reconnue comme un enjeu majeur, elle ne constitue pas un critère décisif dans le choix des solutions numériques.
De plus, les résultats de l’étude révèlent un manque de connaissances sur la localisation des serveurs : près de 4 professionnels européens sur 10 (37 %) ne savent pas où sont basés les serveurs de leurs outils numériques.
Dans les services Finance, Juridique et RH, les plus concernés par les enjeux de conformité réglementaire, ils sont 31 % à ne pas connaître l’emplacement de leurs serveurs.
Pourquoi les solutions européennes peinent-elles encore à s’imposer ?
Enfin, l’adoption des solutions européennes est encore freinée par des perceptions contradictoires.
Si 28 % des décideurs estiment que ces solutions sont plus coûteuses et 20 % doutent de leur fiabilité, elles bénéficient pourtant d’un cadre réglementaire strict (RGPD, directive NIS2, Digital Services Act), garantissant sécurité et transparence.
A l’inverse, 28 % des répondants ne perçoivent aucun obstacle majeur à l’utilisation de solutions européennes, signe d’un intérêt croissant pour les alternatives locales et d’un début de transition vers une plus grande autonomie numérique.
« Face aux défis géopolitiques actuels, la souveraineté de l’Europe est devenue une nécessité, et la véritable bataille se joue désormais sur le terrain numérique.
conclut Alban Sayag, CEO de Yousign.
La dépendance critique de l’Europe envers des solutions étrangères dans de nombreux domaines clés nous expose à des risques importants.
En tirant parti de la diversité et des atouts de chaque nation européenne, nous pouvons créer des champions technologiques de taille critique, capables de rivaliser avec les géants étrangers. »
